Bon, on ne va pas faire de détour, pour moi, her est un p***** de chef-d'oeuvre. Tant par la justesse de la narration et les éventualités qu'il tend à mettre en évidence, que par son immersion ultra-réaliste dans la vie d'un homme - et d'un couple - 3.0.

À l'instar d'un chef d'orchestre, Spike Jonze met le tout cinématographique au service de son message aux multiples facettes: démontrer que la vie virtuelle comporte autant de risques - si ce n'est plus - que la vie physique et qu'elle se révèle finalement trop complexe pour que nous puissions la saisir entièrement, nous simples êtres humains, mais, MAIS, que la frontière entre les deux est mince et opaque, à tel point que les personnages eux-mêmes ne savent plus très bien s'ils peuvent se permettre de se laisser glisser de l'autre côté de la barrière.

Egalement, une réalisation comme je me plais à voir, qui ne se veut pas l’œil du spectateur et qui donc, n'agresse pas mes pauvres petits yeux fatigués par des successions de gros plans et de tremblements, mais qui, a contrario, devient véritablement un outil fabuleux au service de la narration (narration de génie, on a dit).
Un jeu d'aller-retour millitré entre caméra objective et subjective, à cause duquel le spectateur se sent tour à tour et inconsciemment sociologue ou pervers.
On y trouve également de nombreuses scènes à mi-chemin entre le porno et le romantique, qui suscitent chez le spectateur des émotions nouvelles et étranges, mais par lesquelles on se laisse volontiers porter puis submerger. (Je sais qu'vous aimez ça, bande de salauds).

Spike Jonze fait également naître, d'une main de maître, un attachement quasi immédiat au système d'exploitation porté par la voix suave et envoûtante de la déesse Scarlett, (Ô Scarlett, grande Scarlett) et nous laisse nous surprendre à nous glisser dans la peau du héros jusqu'à partager son envie tangible de la voir se matérialiser. (Avec une boîte de mouchoirs, pour les moins coriaces).

Autre réussite notable du film, celle de concrétiser les alternatives à l'amour 3.0, comme celle de l'amour physique par substitution. Là encore une scène étrange mais poignante, qui aurait pu être tellement, tellement, tellement malsaine si elle n'était pas proposée comme la réponse la plus logique au désespoir, celui d'imaginer ne jamais pouvoir toucher l'être aimé.

Enfin, une fin quelque peu impénétrable, mais plus que plausible, oú la machine ne répond plus que de sa propre envie et de sa propre personnalité, et s'en va ainsi se réfugier dans un endroit physiquement inimaginable, hors de notre minuscule portée de compréhension. Un abandon en somme, pur et simple, de l'Homme par la machine, qui évolue beaucoup trop vite pour pouvoir se contenter de ce que l'être humain tend à lui apporter. (Bas d'gamme le Phoenix, enfin).

Un tableau gris, donc, mitigé, fabuleusement dépeint au milieu de jolis couleurs ternes, une mise en abyme d'un futur que l'on imagine sans aucun problème devenir une réalité assurée, le tout raconté et mis en scène avec
une précision une justesse géniales (fuckin genius), pour le plus grand plaisir de nos sens et de notre imaginaire.

PS : Je ne parle pas de Joaquin Phoenix, parce que c'est Joaquin Phoenix.
Veuillez adresser vos plaintes à Mme Heather Christie. Non cordialement.
Cassandra1
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le 12 août 2014

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Cassandra Conti

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