HER c'est elle ou plutôt c'est lui au féminin.
HER est désincarnée par Scarlett - Samantha.
Le film est d’une douceur d’abricot. La lumière, le toucher, les voix, l’ameublement, le gout, la musique, la mégalopole tout est très douceur abricot. C’est un très bel écran publicitaire pour le design d'interieur, peut-être pas tant pour ses futurs pantalons à taille-haute.
C’est de la science fiction antique. Notre HIM, Joaquin - Theodore, est scribe ou écrivain public, métier aussi vieux que le papyrus. Jusque la rien de nouveau. Il est aussi en proie à des difficultés amoureuses, en instance de divorce, après la solitude prolongée il tente le blind-dating. Rien de neuf. Sa meilleure amie avec décalage vit la même chose. Le jeu des miroirs, on est en terrain connu.
Finalement cette histoire d’amour avec son OS, c’est une histoire d’amour avec lui-même. C’est une réconciliation avec lui-même. Sans doute la raison qui le fait rejeter l’incarnation de Samantha par une fan de leur histoire. HER l'aide à faire une introspection: exploration et ménage dans son passé, faire face aux problèmes de sa vie et trouver une dynamique, des projets. Il est solitaire, car très connecté, et Samantha est son dédoublement. Il plonge alors dans une solitude et dans un dialogue avec lui-même encore plus profond.
HER n'est pas unique, la societe autour de Theodore est remplie de protagonistes avec son HER ou son HIM.
Donc loin d'une histoire d’amour, c’est une histoire de solitude. Solitude assumée et nécessaire, qui se manifeste dans l’acceptation de ses amis pour cette relation étrange. Et cette plongée dans la solitude ramène Theodore aux contacts humains et l'aide à accomplir quelque chose de personnel: la publication de ses lettres. Son double n'étant plus nécessaire pour lui permettre d’avancer HER disparaît aussi naturellement qu’apparue. Le divorce est signé, les remords sont exprimés, un peu de vacances et un livre à venir.
Theodore répète que HER est curieuse de la vie, et il reprend à son compte cette curiosité.
Le charme du film c'est d'être de la science-fiction sans technicité, c'est de la science-fiction humaine.