Quel étrange film quand même ...
Un peu longuet par moment certes mais nous le regardons jusqu'au bout car et je crois que sa force réside dans ce malaise qu'il déclenche. Il nous raconte, il nous décrit avec toute la précision d'un Balzac ou d'un Proust qui se faisaient les témoins impitoyables de leurs temps.
Le scénario est minutieusement écrit, chaque scène compte et le réalisateur prend son temps pour nous tendre ce miroir (si peu) déformé de notre incapacité et surtout de notre peur d'aimer, de s'engager. Ainsi il manie avec talent la métaphore et ce jusqu'au bout ! la mise à distance de l'être humain dans tout ce qu'il est concrètement, une forme de déshumanisation absolue des relations affectives sont, la cause d' un certain malaise voire un malaise certain. On se dit "jusqu'ici tout va bien, nous n'en sommes pas encore là" et puis dans le même temps on pense à nos pratiques quotidiennes via le web, nos addictions à ces formes de communications. Et tout à coup, panique à bord ! Mais oui nous allons vers ça, sans nous en rendre compte sans doute, insidieusement. Tout ceci existe déjà sous d'autres formes bien entendu, atténuées, plus soft. Mais en fait il suffirait de presque rien pour que des millions de Théodore apparaissent un jour, enfermés dans leur relation virtuelle.
L'ironie de ce film est tout de même le petit rebondissement ... l'infidélité de sa pseudo compagne... son envie d'ailleurs ... et cette solitude qui revient impitoyable. Bref ... j'ai aimé ce film pour ce qu'il donne à voir, à réfléchir. Parce que le jeu des acteurs est très juste et le décor urbain bien choisi, froid, impersonnel qui nous accompagne et nous enferme aussi méthodiquement (toutes les scènes dans les ascenseurs où là les personnages sont dans une proximité "dangereuse"). Après ça on a envie de voir ses copains, sa famille, de les serrer dans nos bras, de les toucher, de les sentir bref ... de redevenir des êtres vivants, en chair et os !