Hercule
4.3
Hercule

Film de Brett Ratner (2014)

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Ma foi, si les 5 premières minutes compilent toutes les atrocités numériques présentes dans la bande annonce, le programme change assez vite de ton, et pour le mieux cette fois. On pourrait même parler d'arnaque commerciale tant le marketing de ce film est à côté de la plaque, puisqu'il nous vendait un divertissement régressif allègrement fantastique (colère des dieux parce que Hercule veut être simplement un mari et un père, quelle connerie !), alors qu'il s'agit d'un péplum à l'ancienne avec quelques partis pris qui se justifient. En effet, le premier d'entre eux est de constater qu'Hercule n'accomplit jamais seul ses missions, mais que ses compagnons de route font régulièrement le gros du boulot et acceptent de vivre dans son ombre pour différentes raisons personnelles (c'est la petite famille, en fait). Et, grosse surprise pour le coup, le film n'est pas un seul instant fantastique. Toutes les créatures mythologiques promises (et aperçues au début) ne sont qu'un leurre. Car le film essaye de s'enrichir d'un discours sur les légendes, exagérant sans cesse les histoires pour épater la galerie, tout en étant le reflet d'une époque héroïque. Jouant sur la superstition des masses, un peu de mise en scène et ce qu'il faut de spectacle, c'est en impressionnant l'ennemi qu'on prend déjà un avantage psychologique. Aussi, les monstres sont soit des mises en scène de bandes armées pour saper le moral des adversaires, soit des créatures balèzes copieusement exagérées par le conteur de la troupe, qui ne cesse de tchatcher pour enrichir la légende. Une façon plus subtile que prévu d'évacuer tout fantastique et de se concentrer sur les enjeux humains du film, qui nuance presque ce qu'il faut pour avoir des enjeux potables. Malgré une gestion assez médiocre de la force d'Hercule (rarement réaliste, au mieux fort comme Conan, au pire capable de faire s'effondrer une statue colossale en s'attaquant à ses fondations), le bilan n'est pas honteux. Hercule se retrouve donc à former une armée, à mener les premiers assauts pour réunir les territoires Thraces, sous la férule de John Hurt. Pas nouveau maintenant, l'acteur est coutumier des rôles de vieux rois/sages (Outlander, le transperceneige...), mais sa carrure est finalement prise à contre-pied lors d'une inversion des enjeux pas vraiment subtile, mais honnête. Le parcours humain d'Hercule, qu'on nous vendait comme une vengeance bien manichéenne, est un peu plus nuancé que ça, plus pudique aussi concernant sa peine et ses motivations.

Malheureusement, ces bons points n'élèvent pas vraiment un spectacle qui se révèle somme toute poussif dans son déroulement des enjeux. Passé la surprise de découvrir un péplum à l'ancienne, on se retrouve en territoire balisé, avec quelques hausses d'originalité ça et là pour se distinguer de la concurrence, sans pour autant renouveler ni enrichir le genre. Question caractères humains, ils sont lisses, mais bien présentés, assez pour qu'on retienne leur histoire sans se sentir proche d'eux. C'est de l'exploitation correcte, qui ne nuit à personne (Dwayne Johnson n'a pas à rougir de sa prestation, malgré le ridicule de son casque félin, il incarne un hercule tout à fait potable) sans pour autant relever le niveau. Et avec ce maigre potentiel, il se hisse jusqu'au titre du meilleur péplum de l'année, devant le moyen Pompéi (un exploit dans la filmo de Paul W. S. Anderson), et les étrons 300 2 et la légende d'Hercule. Toutes proportions gardées, pas de quoi le lapider en place publique.
Voracinéphile
4
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le 31 août 2014

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