Hercule
4.3
Hercule

Film de Brett Ratner (2014)

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Ce qu'il y a d'étrange avec cet énième film sur le héros bodybuildé, c'est que bien que l'on sache dès les premières secondes que ça va être un nanar de premier choix, eh bien on regarde tout de même les une heure et trente-quatre minutes qui suivent. Peut-être parce qu'on espère toujours un regain de mieux en cours de route ? Peut-être parce qu'hier soir, mon cerveau avait besoin de s'abreuver d'une débilité crasse pour se rassurer sur ses capacités d'analyse ? J'aurais peut-être dû regarder des pâtissiers en goguette créer des merveilles culinaires en rase campagne. Certes, j'aurais eu faim, mais au moins, j'aurais vu de belles images.


Comment peut-on savoir si tôt que cette œuvre ne décollera jamais plus haut qu'une roulette de chaise d'un célèbre magasin d'ameublement nordique ? Parce que Alcmène pond un moutard de six kilos avec le sourire, que le mouflet en question attrape "symboliquement" l'éclair de son divin père avec le ralenti qui s'impose et qu'il brise la nuque de deux serpents vert fluo envoyés par Héra, en adressant une risette victorieuse à sa mère. Et voilà, cinq minutes de films viennent de s'écouler et déjà, mon cortex a apporté son jugement : c'est de la bouse de vache !


Pourtant, il y a de bonnes idées. Pas de quoi décrocher un prix Nobel, mais on sort un peu des sentiers battus. Déjà, on ne nous refait pas tout le parcours archi-connu des douze travaux du mec qui essaie d'en mettre plein la vue à son papounet avant de finalement trucider femme et enfants. Non. Là, Brett Radner part du principe que tout le monde connaît le mythe sur le bout des doigts et se permet juste deux ou trois clins d'œil par l'intermédiaire du neveu d'Hercule.


Oui, vous avez bien lu : Hercule a un neveu, conteur de son état, mais avide de faire ses preuves en tant que guerrier (sauf que le gars est épais comme une feuille d'endive, que ses bras sont trois fois inférieurs à ceux de son oncle et qu'il a l'intelligence d'une clémentine). Au passage, ça sous-entend qu'Hercule a une frangine ou un frangin dont on ne parle absolument jamais.


En fait, il n'y a pas que lui puisque le réalisateur


a cru bon de reprendre l'idée de Crisse et Besson


(non)


de surfer sur la vague des Avengers


(non plus)


de coller toute une équipe de mercenaires aux basques du héros : un type qui a fait l'armée avec lui (Autolycus), une guerrière amazone qui tire plus souvent à l'arc qu'elle ne parle (Atalante), un gars muet complètement azimuté, mais plutôt la nuit (Didet) et un vieux devin qui connaît la façon dont il va mourir et balance des phrases nébuleuses toutes les dix minutes (j'ai pas retenu son nom, mais ça devait être un beau score au Scrabble).


Pourquoi ces trublions ? Pour donner des lignes de dialogue au héros ? En partie, même si le colosse baragouine un peu plus que Schwarzy dans Terminator premier du nom. Pour apporter une touche d'humour ? Inutile, le film est une longue blague d'une heure trente. Pour ajouter une pointe de sexytude ? Si on écarte Autolycus, les autres peuvent aller se rhabiller. Atalante fait pâle figure à côté de la femme d'Hercule ou de la mère d'Arius (et encore...). Pour rendre les exploits d'Hercule plus crédibles ? Eh bien, oui.


Brett Radner semble être parti du principe que les mythes, c'est du flan à la myrtille noyé dans la crème anglaise. Autrement dit, que les douze travaux n'ont pas été accomplis grâce aux gros bras d'Hercule, mais grâce à la complicité des zigotos précités. Les ragots étant colportés via les talents de conteur du neveu (dont le nom n'a pas voulu s'inscrire sur ma carte mémoire). De même, les centaures ne sont que des hommes à cheval vus en contrejour ; le Cerbère, trois loups très proches spatialement parlant et l'hydre de Lerne, trois mecs affublés de masque de serpent.


Rien de mystique donc dans cette œuvre, et rien de bien folichon au final. Même les batailles sont mollassonnes. Je ne sais pas si ça vient de l'absence de musique, de ces répliques qui tombent à plat ou de la nullité charismatique de tous les personnages (Autolycus excepté), mais ce film est ennuyeux au possible. Le réalisateur a pourtant essayé divers stratagèmes pour éveiller une quelconque émotion chez le spectateur : une équipe soudée dans le malheur comme les quinze doigts de la main, une mère de famille à la main baladeuse et l'œil aguicheur, un gamin admiratif en péril et un beau-père cruel et ignominieusement coiffé. Mais non. Rien n'y fait. La mayonnaise ne prend pas.


Non, décidément, j'aurais mieux fait de regarder comment faire des bols de fils de caramel et des hérissons en chocolat couverts de meringues. Ou 300, puisque le générique de fin va au-delà du clin d'œil et nous rappelle ce à quoi nous avons malheureusement échappé.

NicodemusLily
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le 24 nov. 2015

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NicodemusLily

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