Heureux mortels
6.8
Heureux mortels

Film de David Lean (1944)

Suite à la Première Guerre mondiale, Frank Gibbons retrouve sa famille et emménage dans la banlieue de Londres. David Lean propose un portrait de cette famille durant tout le temps de l'entre-deux-guerres, où se mêleront joie, malheur, drame, amour et amitié.


Après avoir coréalisé avec le scénariste Noël Coward Ceux qui servent en mer, David Lean se lance dans sa première réalisation en solo avec This Happy Breed, où il dépeint le Londres de l'entre-deux-guerres à travers le portrait de cette famille. Petite histoire dans la grande, il nous fait suivre les grands événements suite à la Première Guerre mondiale, la façon de vivre et de voir la vie et la politique alors que la menace nazie se fait de plus en plus forte.


Alors c'est parfois maladroit, Lean ayant du mal à vraiment se détacher de la pièce de théâtre, et l'ensemble manque aussi de puissance, notamment dramatique, mais, pour une première réalisation, il s'en sort tout de même admirablement bien. Le cadre de l'histoire est aussi intéressant qu'il est bien exploité, Lean bénéficiant notamment d'une grande qualité d'écriture, tant dans les personnages qui sont consistants et surtout, tout le long intéressants, mais aussi dans l'avancement de l'histoire et les diverses péripéties qui vont arriver durant ces vingt années. À défaut de vraiment faire ressortir la dimension tragique de son récit, Lean fait ressortir celle sociale à travers le mode de vie de la famille qu'il met en scène, notamment comment ils ont géré le retour de guerre et préparé les années à venir et préparer les années à venir. C'est aussi à travers la façon de vivre qu'il se montre brillant, notamment l'éducation, les fêtes traditionnelles ou des moments plus intimistes. Là où il montre aussi une grande sensibilité, c'est dans la vision du temps qui passe, de ce qu'on fait de nos vies et des décisions importantes à prendre, tant pour nous que notre entourage, une thématique qui ne m'a jamais laissé indifférent et que Lean traite très bien, à l'image de l'arrivée dans la maison lors de l'après-guerre puis de son dépars en fin de récit.


Derrière la caméra, David Lean fait dans le classique, rarement transcendant si ce n'est qu'il attache une grande importance aux détails, notamment dans les intérieurs, mais il sait se faire élégant et bien mettre en valeur les personnages et enjeux. En plus d'être dans l'écriture, la justesse du récit se trouve aussi dans la direction d'acteurs avec des interprètes très sobres, notamment Robert Newton et Celia Johnson. Pour sublimer ce récit, This Happy Breed bénéficie d'une excellente qualité d'image, un technicolor sublime qui permet de mieux nous immerger au cœur de cette famille et société anglaise.


Celui qui deviendra plus tard le roi d'Hollywood signe ici sa première réalisation en solitaire, une très belle oeuvre, bien qu'imparfaite, où l'on assiste au temps qui passe dans l'entre-deux-guerres à travers une famille anglaise, ses bonheurs, joies et peines...

Docteur_Jivago
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le 3 mai 2015

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Docteur_Jivago

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