J'ai vu tout récemment "Vases de Noce", un film sur la folie lorsqu'un homme se retrouve seul face à la nature. "Hic" ne vise pas les mêmes enjeux mais propose tout de même un rapport à la nature assez particulier puisque tout se déroule en campagne, et qu'il ne se passe absolument rien de tout le film.

J'aurais d'ailleurs pu être plus sévère dans ma note tant la narration est faible, mais c'est justement ce radicalisme qui fait le fonctionnement : il ne se passe tellement rien qu'on comprend que les enjeux sont ailleurs. Et puis il y a tout de même des trouvailles narratives en fait : je pense à ces transitions, à certaines scènes qui sont totalement scriptée (l'avion, le cadavres dans l'eau), à l'idée de filmer telle ou telle chose, à la direction d'acteurs pour les animaux. Tous ces choix laissent supposer un sens. De même que la manière de filmer est symbolique : filmer la nature avec autant de méticulosité, dresser un rapport entre la nature et la machine, tout cela n'est pas anodin. Je ne peux pas mettre le doigt sur la signification de tout ça, mais ça marche. Maintenant, il faut tout de même dire que, même si chaque scénette est intéressante en soi, l'accumulation finit par avoir raison de la patience du spectateur. 1h18' de pas grand chose, c'était nécessaire pour le radicalisme, n'empêche que c'est dur à regarder.

Côté mise en scène c'est tout de même spectaculaire. Pour un petit film des pays de l'est, je m'attendais à une esthétique typique du fauché à savoir un gros grain, des plans sur trépied, une composition sympa mais limitée... c'est tout autre en fait, on se croirait dans une production américaine avec des plans grues à gogo, des mouvements presque constants de la caméra, une direction d'acteur maniérée et poussée, des compositions variées, une utilisation complète de l'échelle des plans (du plus gros au plus petit)... bref, la caméra opère un énorme travail pour rendre compte de ces petites choses de la vie. Non pas sans humour : depuis le gros plan sur les testicules d'un bestiau jusqu'à cette chanson de générique comportant le hoquet de ce fermier.

Bref, un film dur à regarder pour son absence de narration, mais tellement riche au niveau esthétique et radicale dans son concept que l'on ne peut que saluer l'effort.

PS : apparemment le concept du réalisateur était de laisser le spectateur se faire sa propre enquête. J'avais bien compris qu'il y avait eu quelques morts, et il est vrai que certaines images sont parlantes maintenant que je connais le concept, mais c'est tellement décousu que je n'ai pas pris ça pour une intrigue en soi à deviner. Cela n'enlève rien aux défauts cités du film, ce n'est pas pire non plus vu que c'est le spectateur qui va se créer son propre mobile et non pas l'auteur qui va en présenter un. En fait, ces mises à mort ne changent rien à la donne. Au contraire, cela semble participer naturellement à ce qui est dit plus haut, à savoir qu'on filme le rien, le banal, qu'il y a des intentions qui sont perceptibles mais rien de bien évident.
Fatpooper
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le 30 juin 2014

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le 30 juin 2014

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