Le nouveau film de Ben Wheatley ne fait que confirmer tout le mal que je pense de ce réalisateur faussement provocateur et vraiment soporifique. Depuis son intéressant Kill List, il ne fait que décevoir avec Touristes, puis English Revolution qui fût une de mes pires expériences cinématographiques. Je m'étais promis de ne plus me retrouver devant ses longs-métrages, mais la présence de Tom Hiddleston dans cette adaptation du roman éponyme de J.G. Ballard a eu raison de ma curiosité.


Dans le Londres des années 70, l'architecte Anthony Royal (Jeremy Irons) a conçu des tours de 40 étages, dont les habitants sont issus de toutes les couches de la société britanniques. Le Dr. Robert Laing (Tom Hiddleston) vient d'emménager au 25ème étage et va faire la connaissance de cette faune imprévisible.


Le début est prometteur. L'arrivée du Dr. Robert Laing (Tom Hiddleston) dans cette tour, va nous permettre de découvrir les différentes personnes vivant en ce lieu. L'étage où on habite, définit notre classe sociale, tout en offrant plus de soleil à celui qui se trouve au sommet. C'est l'architecte Anthony Royal (Jeremy Irons) qui y vit avec son excentrique femme Ann Royal (Keeley Hawes). Il a conçu cet endroit pour permettre à chacun de vivre ensemble, en oubliant son statut social. Son souhait est utopique et la cohabitation se révèle difficile.


La lutte des classes. Les habitants du haut s'octroient tout les droits et se complaisent dans le luxe et la dépravation. Ils passent leurs temps à organiser des fêtes se finissant en orgie. Leur monde est décadent, ils ne respectent pas les habitants du bas et les considèrent comme leurs laquais. Dans ce contexte, la situation ne pouvait que devenir explosive. Mais sous la caméra de Ben Wheatley, cela va se révéler être un pétard mouillé. Pourtant, l'humour noir entrevu au début est prometteur. On le retrouve dans les paroles des enfants, car c'est bien connu, la vérité sort de leurs bouches. Toby (Louis Suc) en est le représentant et observe les rapports sulfureux entre les divers habitants. Malheureusement le réalisateur Ben Wheatley délaisse l'histoire au profit de ses envolées visuelles, en s'abandonnant dans la facilité. Il oublie de créer le chaos par les mots, en le montrant émergeant du néant à travers différentes séquences clipesques.


Le fond était prometteur, avant que la forme atténue la portée subversive du sujet. De multiples longueurs plombent la deuxième heure et le film devient férocement soporifique. Ben Wheatley reproduit les mêmes erreurs que dans ses précédents films, en oubliant de raconter une histoire, tout en mettant le spectateur de côté, au risque de le voir quitter la salle avant la fin. Il semble incapable de tenir son récit jusqu'à la fin et va nous perdre dans la beauté de ses magnifiques images, mais vide de sens. Il passe à nouveau à côté de son sujet et ne tire pas la quintessence d'un sujet en or.


Tom Hiddleston est impeccable. Il confirme que son talent ne se trouve pas seulement à l'intérieur du costume de Loki, mais aussi dans des œuvres contemporaines, comme dans la série The Night Manager. Les fans de l'acteur britannique, seront ravis de le voir exhiber sa plastique. Il en sera de même pour ceux de Sienna Miller. Ce n'est pas étonnant de la part d'un film où la violence et l'érotisme sont étroitement liés. C'est faussement provocateur, comme dans les précédents films de Ben Wheatley. Jeremy Irons, Luke Evans, James Purefoy et Elisabeth Moss vont aussi se perdre dans cette tour inoffensive. Ils sont tous intéressants, mais trop rapidement délaissés au profit de l'esthétisme à outrance du réalisateur.


Kill List se révèle être une erreur de parcours dans la filmographie de Ben Wheatley. Il continue de se complaire dans la beauté de ses plans, en oubliant de rendre ses films passionnants. Il serait temps que je fasse une croix sur ce réalisateur, pour éviter une nouvelle désillusion.

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le 11 avr. 2016

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Laurent Doe

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