Jusqu’où iriez-vous par amour ? Dans mon cas, High School Musical serait une réponse appropriée… à moins qu’il ne s’agisse en réalité d’une curiosité moqueuse ? Un peu des deux peut-être. Trilogie culte des Disney Channel Original Movies, elle incarne à la perfection l’envers insipide, avilissant et profondément ridicule de l’Empire aux grandes oreilles : dès lors, quel intérêt que de critiquer pareil bousin ?
De fait, il ne semble guère judicieux de s’attarder sur chacune de ses excentricités et autres niaiseries à l’eau de rose, d’autant que ce premier téléfilm annonçait clairement la couleur. Impossible également de passer outre son rayonnement planétaire, tandis que ses invariables séquences musicales, exercice ne m’emballant guère d’ordinaire, ne pouvaient que me laisser sur la touche. Alors pourquoi s’infliger son visionnage, puis celui de ses suites ? Hein, dis-le-moi, NiERONIMO, pourquoi ?!
Une partie de la réponse réside plus haut, l’autre suit ainsi : High School Musical, aussi grotesque soit-il, interroge quant à la place du second degré en son sein. Sans pour autant lui concéder une hypothétique échappatoire, il est en effet intéressant de se poser la question entre deux grimaces : Kenny Ortega (à la réalisation), Peter Barsocchini (au « scénario ») et leurs comparses avaient-ils conscience de « l’énormité » d’un tel produit ? Et donc, le spectateur souhaitant privilégier l’affirmative afin de garder un minimum de foi en l’humanité, ces derniers y auront-ils par voie de conséquence insufflé une salvatrice autodérision ?
Encore que le terme de salvateur soit trop fort, une telle démarche n’excusant en rien pareil salmigondis de bons sentiments dégoulinants, mais gageons que cela pourrait arrondir (un tant soit peu) les angles : à l’aune de cette lecture, la grandiloquence naturelle de High School Musical paraît ainsi moins abrupte. Certes, sous couvert d’un message faisant les yeux doux à la bien-pensance moralisatrice de Disney, ses protagonistes et éléments d’intrigue demeurent à n’en pas douter transparents, pour ne pas dire imbuvables : ils forment ainsi une bulle fantasmagorique, prétendument idyllique pour les plus jeunes mais qui, paradoxalement, croule sous tant d’approximations, de raccourcis et d’archétypes qu’elle nourrit un malaise tenace.
Déconnecté de la réalité comme pas deux, High School Musical est finalement assez symptomatique de notre époque, elle qui développe depuis quelques temps maintenant un goût pour l’intrusif éloquent. Les facilités n’excluent plus le succès. L’artificialité des personnages et de leurs relations font rêver les plus jeunes. Faut-il en pleurer ou en rire ? Pour ma part, j’opte pour le rire jaune.