Emballé c'est pesé : on oublie le deux, il n'a jamais existé. Voilà, c'est dit, en fait, le deux était une sorte de fanfilm, une blague relativement funeste. Du coup, cet Highlander se veut être la suite directe du premier épisode, celui qui se suffisait à lui-même et méritait même d'être laissé tranquille, en petit film fantastique tout à fait honorable et jouissant de la présence de Sean Connery en caution artistique. Quatre années après l'anéantissement total de la volonté de poursuivre la franchise, un nouveau film voit toutefois le jour. Selon Imdb, cela fait deux ans que la série télé, dans laquelle a joué Lambert, tourne et tente à corps et à cri d'effacer les outrages du second opus. A priori, ça a bien marché, cela dit, ingrat qu'il est, le nouvel opus oubliera néanmoins d'ajouter la série télé à sa mythologie, reprenant strictement là où s'était conclu le premier long-métrage et tentant même le retour au source, genre, combat à l'épée de nuit, flashbacks émouvant et ainsi de suite. C'est pas trop tôt.

On perd Sean Connery au passage (apparemment, il y a un nombre limite de résurrection !), et on repart : huit ans plus tard, McLeod est donc le détenteur du Prix, dernier des immortels. Il se la donne grave, vit avec un gamin adopté à Marrakech, où il fait de longues promenades en chouwal, sans doute dans l'idée d'exorciser une bonne fois pour toute le fantôme des Fremen intronisés dans le second opus. Tout va bien, son love interest est mort (se fut l'amour parfait environ 20 minutes au-delà du générique de fin) et en plus, plus personne n'a envie de le décapiter avec virulence, ce qui lui laisse plein de temps pour avoir des flashbacks incongrus, comme cette séquence qui ouvre le film, où l'on raconte comment l'écossais, fraîchement débarqué par Ramirez, est parvenu à atteindre le Japon (pas mal) et trouvé le vieux Nakato, un sorcier qui fait des katanas et lui a d'ailleurs forgé le sien. Bon, cela sert en fait à introduire le nouveau méchant, Kane, qui débarque et bute le nouveau mentor de McLeod, ratant pourtant le Highlander qui parvient à s'enfuir. Mais... attendez, c'est le résumé du premier opus, ça ? Enfin... ensuite, on a une jolie demoiselle, liée à l'affaire des immortels, qui finit par enquêter sur McLeod avant de coucher avec lui dès l'aveu de son immortalité... ouais, nan, décidément, c'est bien le résumé du premier opus. Sur ce, Kane revient d'entre les morts, s'étant fait enterrer vivant sous la montagne où se planquait Nakato. Du coup, le brave McLeod se voit à nouveau privé de son Prix. C'est un peu ennuyeux, parce que du coup, il va devoir en prime se coltiner le plus dangereux des immortels (again).
Bon, autant se le dire, le film n'a pas pour vocation de révolutionner la licence. Au contraire, même, on dirait plutôt que le long-métrage a plutôt dans l'idée de recopier, à peu près mot à mot le premier opus. Sans doute dans l'optique de nous faire oublier sa suite. Le problème ? Huit ans se sont écoulés pour de vrai, en fait, entre 1986 et le moment du tournage de ce nouveau volet. Les temps changent, mais pas les manières, en tout cas. Toujours très engoncé dans les années 80, le film racle de son prestigieux aîné tout ce qu'il peut, le régurgitant en vrac. Et il gratte l'enfoiré. Ainsi, il va même jusqu'à repiquer quasiment à l'identique la séquence de kidnapping d'un des proches du gentil par le méchant, afin de faire route en sens inverse, histoire de foutre les j'tons à l'otage. Un véritable gimmick de la franchise. C'est plus du retour aux sources, à ce niveau, c'est presque de l'auto-plagiat ! Heureusement, ça permet de récupérer enfin la mythologie de la licence et ce qui en faisait le sel : les putains de duel à l'épée !
Et là, le problème se pointe d'office. Mais vous l'aviez déjà compris, en fait. C'est un remake sans idée, alors les combats, ça va être un poil rébarbatif. Ben oui, vous avez deviné juste : c'est même très rébarbatif, en fait. On passe sur les deux trois coups d'épée genre "tiens, voilà du boudin" pour en venir, par exemple, au premier duel entre copain Kane et copain McLeod, qui bondissent chacun sur un trapèze, face à face à plusieurs mètres au-dessus du sol et s'élancent alors dans un échange plutôt burlesque et qui dure longtemps. Très longtemps. On passe sur les superpouvoirs du méchant, superpouvoirs qu'il utilise exclusivement pour faire n'importe quoi et se la péter grave, alors qu'en combat, ça donne des pruneaux (façon fragile et douce de dire que ça fait chier). Ho ho ! Attendez, c'est pas fini. On a encore une romance highlanderienne. Eh ouais. La romance highlanderienne est simple : déjà le McLeod se promet de ne jamais putain de jamais tomber amoureux parce que putain, ça picote dans le coeur quand la douce finit par mourir, ce qui arrive invariablement. Ensuite, il fait le cabotin de l'enfer avec l'élue de son coeur, lui lançant des "vous ne voulez pas être mêlé à çaaaaaa" (il appuie bien le "ça", l'enfoiré, ça fait encore plus mystérieux). Là, il se fait surprendre par le méchant et se bat contre lui devant la belle, avant de lui dire "mais non, c'est rien, c'est un lundi, ça" et de disparaître sans fioriture. Il laisse mijoter, puis lui balance, à la rencontre suivante "bon, en fait, je suis immortel" et hop, c'est dans la poche. Ajoutez à ça que 50% du temps, la jeune femme dont il s'éprend ressemble mais alors trait pour trait à une précédente amante dont il était énormément épris (ce qui est quand même dommage, pour un type qui nous assène régulièrement qu'il ne veut pas l'être). Et voilà. Facile. Ici, la charmante demoiselle est Deborah Unger, plutôt jolie et largement sous exploitée, qui passe son temps à suivre McLeod et claque même son salaire mensuel dans un billet d'avion sur un coup de tête pour essayer de retrouver le bougre parti dans ses Highlands natales. L'occasion d'ailleurs de faire une petite séquence "je m'entraîne sur des pitons rocheux" à l'ancienne, Ramirez en moins. Soit, comme le premier épisode, mais en moins bien (puisque sans Sean, faut suivre).

Le gros souci d'Highlander 3, c'est qu'il confond "retour aux sources" et "plagiat éhonté". On a strictement rien de neuf, c'est que du "more of the same", mais avec l'écart de temps. En prime, bon, c'est marrant de raconter à chaque fois comment McLeod affronte le plus puissant des immortels, mais bon, le canevas est un poil éculé, en fait. Ca aurait été sympa, tant qu'à faire, de franchir le pas et de lâcher McLeod pour parler d'un autre immortel, voire même de tenter de construire un peu plus la mythologie en essayant de s'immerger dans une autre époque, mais non... Highlander 3 ne veut pas innover, il veut juste tenter d'effacer des mémoires un horrible deuxième opus et fait ce qu'il peut, alors qu'il n'a aucune idée de comment s'y prendre. C'est mignon, presque touchant, mais pas très intéressant.
0eil
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le 16 déc. 2014

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