J'avais un peu peur de la bonne idée qui ne tienne pas sur la longueur ou d'un film qui souffre d'un budget par trop étriqué, mais que nenni, Hobo with a Shotgun est en fait une excellente série B. Réalisé avec goût et dans les règles de l'art grindhouse, avec une recherche esthétique payante car masquant le probable manque de moyens, voire parvenant à des plans superbes, ce hobo flick (ça existe comme genre ?) nous offre un Rutger Hauer totalement envoûtant dans son rôle de paumé en quête d'une vie perdue, marmonnant ses sentences religieuses et n'ayant d'autre choix que de se lancer dans un sanglant nettoyage urbain. Faut dire que les lieux sont particulièrement glauques, rassemblant le pire de la décadence urbaine et de la violence généralisée.
Le reste du casting n'est pas du niveau de son acteur principal (la jeune prostituée est limite) mais certains cabotinent juste ce qu'il faut (les deux frangins qui conservent une attitude détestables à souhait). Le film n'hésite pas à servir des scènes généreusement gores, parfois débiles (l'éclatage de tête à l'auto-tamponneuse ou les attaques au patin à glace), parfois sordides (le bus scolaire !). Et je suis tombé über fan de The Plague, une équipe de tueurs dont la survenue soudaine dans l'histoire est totalement démente, que ce soit dans leur look ou dans leurs petites manies (l'arrivée à l'hôpital est une séquence chef d'œuvre de jouissance).
Pour autant, Hobo with a Shotgun n'est pas un simple film Z décérébré. On ressent une véritable sincérité dans le traitement de cet univers qui fait plaisir à voir, et mine de rien, la thématique de la violence dirigée en toute impunité contre les clodos n'est malheureusement pas une simple fiction. Une très bonne surprise donc.