Oui, Hobo with a Shotgun est un film de série B, qui tend à la crétinerie la plus profonde et qui tente d'assurer le plus possible son parti pris délirant hérité du tandem Grindhouse, dont ce film est dérivé. Boulevard de la mort était esthétiquement le plus beau mais patinait à cause d'un scénario plan-plan qui lorgnait vers Duel de Spielberg mais qui ne s'emballait jamais vraiment comme on pouvait l'espérer. Planète Terreur, à mon sens bien plus réussi, tombait déjà bien plus dans la folie douce mais cédait à des tics esthétiques clinquants qui faisaient s'égarer le film dans une incohérence stylistique dans laquelle je ne me suis pas toujours retrouvé.
Hobo with a Shotgun réussit à concilier les deux films, mais dans leurs points négatifs, la mollesse narrative du film de Tarantino et le galimatias graphique de celui de Rodriguez.
L'esthétique du film tend vers celle des séries B en technicolor et peut-être aussi celle des giallos, avec ses séquences souvent placées sous une dominante de couleur bien particulière (jaune, rouge ou bleue). En fait, on arrive jamais à savoir à quoi ce film rend hommage. Séries B ou Z? Films de justice expéditive, films d'exploitation, films de zombies? On se retrouve au final avec un grand barnum assez hideux graphiquement (les couleurs sursaturées sont mal foutues ), qui ne va nulle part et gâche la plupart de ses bonnes idées. En fait, le film est sympa, voire même très bien quand il part dans ses délires totaux, ses décapitations à coups de barbelés, d'auto-tamponneuses et autres joyeusetés. Sauf qu'entre deux, c'est le néant total, et une accumulation de scènes n'a jamais donné un film. Les acteurs sont mauvais, mais jamais mauvais de la même manière entre ceux qui sous-jouent et ceux qui en font des tonnes. On se retrouve donc avec un film sans réelle unité, et qui n'a pour seul credo que d'exposer sa propre exhibition de violence, avec des crescendos de violence parfois putassiers qui alignent les poncifs et les partis pris m'as-tu vu. Tiens, et si on allait brûler des enfants pour changer? Perso, brûler des enfants dans un film, j'ai rien contre, si ça apporte quelque chose au film. Ici ce n'est pas le cas, et ça renforce l'impression que j'ai de ce film, à savoir que le réalisateur s'est enfermé dans une gimmick coolos à base de "Regardez comme je suis capable d'aller loin dans l'atrocité juste pour vous montrer qu'on est dans un film trop second degré, tu vois". C'est cette insistance sur le côté gimmick "Je suis un film Grindhouse donc je vais être forcément un film trop cool" qui me gêne, je trouve cette franchise dans l'ensemble surestimée, et pourtant j'adore Tarantino, et j'adore Robert Rodriguez. Oui, c'est con, oui c'est peut-être transgressif, oui faut pas chercher une once de sens dans le film (et tant mieux d'ailleurs), mais les créateurs de ce film auraient dû se dire qu'avant de créer un objet de culte, il fallait faire un film qui tienne bien sur ses pattes.
Reste Rutger Hauer, l'inoubliable Roy Batty du magistral Blade Runner, excellent dans le rôle du clodo.
Sharpshooter
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le 25 juil. 2011

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Julien Lada

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