Jadis je sortais le clairon pour Carax. J'ai applaudi Mauvais sang, j'ai salué les Amants du Pont-Neuf, et Pola X … j'essaie de l'oublier.
Le concept est plutôt attrayant. Un acteur déambule dans une limousine, véritable loge ambulante qui l'emmène sur les lieux de son prochain rôle. La scène du théâtre est le monde, les personnages incarnés vont du financier à un papa d’une famille de singes. Prétexte à visiter différents genres, script écrit sur mesure pour le polytechnicien Denis Lavant, le film livre effectivement quelques beaux moments, cernés par une bouillasse bien épaisse.
Comme une commémoration du 11 novembre, Holy Motors rend hommage au cinéma sous une bise glaciale. L'idée est amusante, la réalisation beaucoup moins. L'ensemble est figé et systématique, l'humour est foireux (comme toujours ceci dit, même dans les bons films de Carax), les personnages distants et c'est très souvent prévisible. Les performances d'acteur en viennent à asphyxier la poétique du film.
Le jeu, Denis Lavant et les références ne suffisent pas à faire un bon film. Leos Carax manie la mise en abyme au canon de 75, avec lourdeur, et je le crains, une certaine nostalgie qui pue le gaz moutarde.