Après deux remakes réussis et réinventés à sa sauce, Alexandre Aja renoue avec un scénario original de son cru. Il ne fallait rien de moins qu'un pitch fort intriguant pour aller voir son nouveau film. Ignatus est soupçonné du meurtre de sa petite amie. Alors qu'il clame désespérément son innocence devant les médias qui inondent sa nouvelle vie, des cornes lui poussent sur la tête. Mise en bouche très appétissante avant que ne survienne le goût irrépressible du navet...
Cette histoire promettait une folle envolée dans le fantastique. Parce qu'il ne suffit que d'un élément surnaturel dans un monde parfaitement naturel pour que surgisse le fantastique, Alexandre Aja a eu cette formidable idée de cornes, qu'il affiche fièrement dans son titre. Malheureusement, ce qui aurait pu devenir un délire psychologique et métaphysique pour le personnage principal, tel celui de la moustache rasée d'Emmanuel Carrère, n'est transformé ici qu'en une farce bouffonne.
Avec ses cornes de diable Ig parvient à voir le mal qui sommeil en chacun de nous. Loin de faire une analyse fine de nos côtés obscurs, Aja réduit le mal qui nous ronge à l'envie de coucher avec sa secrétaire, son prof de golf noir ou son collègue flic. C'est drôle une fois, pas deux, et encore moins trois fois.
Dans sa forme le film jouissait pourtant d'un certain charme. Et le scénario en forme de whodunit tient en haleine le spectateur tout au long du film. Mais la lourdeur et la redondance des mêmes gags potaches éloignent Horns d'un intérêt qu'on entrevoyait au début du film. Voulant jouer sur le même terrain de la comédie horrifique de Piranha 3D, Alexandre Aja a gâché tout le potentiel de son pitch et la performance jubilatoire à contre-emploi de Daniel Radcliffe.
Alexandre Aja peu inspiré, se contentant de remake, ça donne de supers films (La Colline a des yeux, Piranha 3D). En revanche, lorsque le réalisateur français tient entre ses mains une vraie bonne idée, il la plombe. Preuve à l'appui avec ce Horns malheureusement raté.