Horns faisait partie jusqu'à très récemment de ces films que j'amasse comme un petit écureuil grippe-sou dans le dossier "à voir" de mon ordinateur. C'est donc aux côtés de chefs d'oeuvre non visionnés du septième art tels que Orange mécanique, Barry Lyndon, Elephant Man (...) que se trouvait le fichier VLC "Horns".
C'était un soir de semaine où je n'avais pas cours à la fac le lendemain, je venais de me prendre la tête avec l'incroyable Lost Highway, il me fallait donc quelque chose de léger sur lequel je pourrai allègrement taper pour pouvoir m'endormir avec l'illusion d'avoir de la culture. Le verdict sonna deux heures plus tard alors que mon casque audio commençait à me roussir les oreilles : bah c'est pas si mal que ça ! Ça à le mérite d'être très original.
Pour ce qui est du scénario, parce que tu sens que même si quelques scènes ont été finies à la pisse, d'autres sont d'une qualité d'écriture plus que raisonnable, on est pas mal. Je résume brièvement (je m'avance un peu trop vite, là) : Ig Perrish ou Iggy pour les intimes (joué par l'estimable mais néanmoins redouté Daniel Radcliffe), en plus de porter un nom qui claque sa race, est un jeune plutôt charismatique qui ouvre pas mal sa gueule et souvent à juste titre. Mais voilà, notre héros sortait avec une nana (Juno Temple) depuis l'enfance, c'était l'amour de sa vie, les deux avaient des tas de projets... Tout allait bien dans le meilleur des mondes en somme. Seulement la réalité est parfois une pute borgne et fit en sorte que la donzelle se fasse assassiner. C'est pas de pot pour le petit Iggy, qui, par-dessus le marché se fait accuser du meurtre. Personne n'a vraiment de preuves mais les gens en sont convaincus, tout comme la police. Et oui, principe de parcimonie; regardez Contact pour comprendre. Iggy est de ce fait constamment suivi par une armada de journalistes Tv qui n'attendent qu'une chose de sa part : des aveux. Avec le petit peuple ce n'est pas bien mieux, si bien que le court sur pattes Ig et sa luxuriante toison pectorale ne se sent véritablement accepté qu'en la demeure familiale aux côtés de ses parents, de son frère le drogué/musicien/emballeur de minettes de service et de son avocat, un vieil ami du héros.
Un soir, alors que la communauté très croyante du village vient pour pleurer et fleurir l'autel dressé au milieu des bois pour la victime (les lieux du crime je précise), notre ami Iggy observe la scène depuis une cabane dans les arbres que le couple fréquentais jadis. La foule se disperse petit à petit comme l'intérêt du spectateur laissant le champ libre à Ig d'agir comme le jeune imbibé d'alcool qu'il est : ce dernier est en rogne contre la société et plus particulièrement contre Dieu qui devait certainement être parti se rechercher une bière dans le frigo au moment des faits. Iggy s'en prend aux fleurs et autres bazars déposés au beau milieu des bois, pisse littéralement dessus (tu m'a fait plaisir sur ce coup-là mon coco) pour finir par renier Dieu et sa foi. Apparemment pour le Tout-puissant et sa Sainte Bibine, s'en est trop et Iggy, sans le savoir, se fait maudire. Son réveil du lendemain matin en compagnie d'une demoiselle est des plus singulier, du moins autant que peut l'être la découverte de petites cornes nous poussant sur le crâne. Sa copine s'étant fait assassiner, Iggy Pop n'est au moins pas cocu, il faut voir le positif... Mais plus que simplement posséder des cornes de bouc, le héros détient le pouvoir fort peu pratique de révéler en chacun son pire côté. la chose est donc prétexte à tout un tas de situations absurdes et comiques qui feront certes sourire au début mais agaceront très vite par la suite. Cela permettra également à Ig d'enquêter sur la mort de sa copine et de nous sortir efficacement de notre confusion de départ. Le principe est innovant mais à trop pousser sur la corde, on s’essouffle... Iggy se rapproche d'un véritable ange déchu à mesure que ses cornes grandissent tandis que l'on se demande si ses actes, parfois très violents, ont bel et bien une utilité et ne sont pas purement gratuits. Ok, tout le monde devient un peu trop sincère autour de toi grâce à tes pouvoirs mais merde, ça va pas bien dans ta tête ? Pour ceux qui ont vu le film, vous ne trouvez pas que la scène avec le frère et la drogue est complètement surréaliste ?
Et c'est à partir de là que nous aborderons le gros point noir de Horns, à savoir la morale. Déjà, ne pas croire en Dieu signifie être un démon par chez eux. Niveau ouverture d'esprit ça se pose là. Ensuite, le film nous fait bien comprendre avec le pouvoir de Ig qu'au fond de toutes les personnes qui te sont chères subsiste une part de haine et de jalousie. C'est surement vrai mais cela reste très dérangeant car on nous pousse de ce fait à aimer Iggy, lui que l'on traite en paria. Je suis désolé mais c'est totalement contradictoire avec son basculement vers l'obscur. Je n'ai pas aimé son personnage pour ces mêmes raisons.
Je n'en dirais pas plus de l'histoire ou du dénouement car le tout reste plutôt agréable et vaut bien un 6/10, pas la peine de tout spoiler donc. On a droit à un divertissement tantôt crispant, tantôt redondant mais néanmoins à ne pas ignorer, ne serait-ce que pour l'originalité de la chose.