Passant par hasard près d'un square où l'on donnait une séance de ciné en plein air, j'ai fini par regarder ce film dont je m'étais soigneusement tenu à distance, redoutant le conte maniériste... ce qu'il est avant tout.
Cependant, force est d'admettre que Scorsese réussit là où Jeunet s'essoufle, et que son Paris sépia tendance steampunk envoie une bonne dose de rêve. Moins carte-postale que dans "Minuit à Paris", on retrouve plutôt une esthétique de BD à vrai dire admirable.
Et la distribution ne gâche rien à l'affaire, les acteurs étant pour la plupart croquignolets, en particulier les deux gamins qui entament une carrière prometteuse.
Voilà pour la forme, qui a décidément entraîné mon adhésion; en ce qui concerne le fond, en revanche... On part sur un trip d'horlogers bohèmes assez alléchant, et on se retrouve devant une apologie (cent fois méritée au demeurant) du cinéma préhistorique, avec un côté docu-fiction de mauvais aloi. Certes, c'est plus subtil que "The Artist" mais on retrouve le côté "Regardez comme c'était bien, le cinématographe d'avant!"
En définitive, un bon moment de cinéma, et une tentative réussie de Martin Scorsese de montrer qu'il n'est pas seulement le roi du film de gangsters. Mais pas indispensable.