Réalisé il y a quinze ans par Peter Weir, The Truman show est la référence majeure de Hunger games, mais c'était il y a quinze ans, au début de la télé-réalité. C'est en ce sens que la satire de Weir avait faire mouche à l'époque: la vie apparemment merveilleuse de Truman Burbank préfigurait celle des Anges de la téléréalité, elle était juste moins vulgaire. Mais au-delà de sa visée satirique, que reste-t-il aujourd'hui de The Truman show? Pourquoi reproduire son discours maintenant, alors que les candidats de certains jeux de survie se suicident ou meurent sur les tournages? Faut-il nous expliquer, pendant quatre-vingt dix minutes, en quoi consiste le "système" qui encadre et justifie les jeux auxquels on aimerait assister, comme si nous ne le connaissions pas? Car nous sommes évidemment du côté de Snow, ce que nous voulons voir dans Hunger games, ce sont des combats d'arène. Francis Lawrence semble s'en rendre compte lorsqu'il nous montre les candidats du jeu défilant dans une arène géante qui rappelle vaguement celle de Ben-Hur. Que le spectacle commence (enfin)...

Ce spectacle est pourtant très décevant, il se limite à la dernière demie-heure du film, qui ressemble à une version hard de Koh-Lanta : les joueurs sont agressés par un brouillard toxique, par une tribu de singes fous, par une nuée du geais moqueurs, par d'autres joueurs. Les flèches de l'arc de Jennifer Lawrence se plantent sur toutes ces cibles, avant de faire exploser la cloche qui recouvre le terrain de jeu. C'est alors que l'héroïne perd connaissance. Lorsqu'elle se réveille, on lui dit, très sérieusement: "Il n'y a plus de District 12". Ce district, nous a-t-on expliqué précédemment, est celui où se trouve sa famille. Voilà comment se termine la deuxième édition de Hunger games: comme une version tragique d'Intervilles, au terme de laquelle une candidate épuisée apprend que la ville pour laquelle elle s'est battue a été rayée de la carte. Qui aura envie de remettre des sous dans la machine pour l'épisode 3?
chester_d
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le 25 déc. 2013

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le 26 déc. 2013

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chester_d

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