Script on fire

Ce qui choque à la fin de la séance, c’est tout ce potentiel gâché et ce qu’aurait pu devenir Hunger Games si la suite de la franchise avait été intelligemment traitée. Si le premier opus de la saga et le deuxième dans une moindre mesure étaient des sympathiques ersatz de Battle Royale sur fond de dystopie, la série prend un tournant plus politique pour son troisième et quatrième épisode.

Découpé en 2 parties, le volet final d’Hunger Games reprend donc directement après la fin du troisième film. Toujours dans un contexte révolutionnaire, le film va suivre Jennifer Lawrence / Katniss dans sa quête pour faire tomber le régime totalitaire du Capitole. Si le précédent film étrangement rythmé esquissait maladroitement des réflexions sur le pouvoir des médias ou la gestion de la célébrité, on s’attendait donc à un peu d’action pour clore la saga. Malheureusement, le rythme du film est régulièrement haché par des dialogues interminables. Souvent informatifs, J’ai eu la désagréable impression d’avoir le droit à un « rappel des évènements » toutes les 10 minutes. Si l’écriture générale est une catastrophe en alternant incohérences scénaristiques, deus ex machina et dialogues sur-écrits (lancer de grandes tirades sur l’amour / la guerre / la mort en temps de guerre, on y croit) c’est surtout le travail d’adaptation qui est absolument aberrant.

Plus qu’un simple choix et une succession des scènes les plus « cinématographiques » et marquantes de l’œuvre originale, le travail d’adaptation doit réussir à créer son propre rythme et surtout trouver un angle. Un film n’aura évidemment jamais la durée nécessaire pour être aussi exhaustif qu’un livre ou interactif qu’un jeu vidéo. Dans le cas présent, plus qu’une adaptation paresseuse, le film se paye le luxe d’instaurer des éléments jamais mentionné dans les trois autres films finissant d’achever un univers manquant cruellement de cohérence. Multiplication des personnages secondaires, des intrigues politiques et des thèmes abordés (triangle amoureux / lutte des classes / conditionnement / contrôle des médias / …), le quatrième opus, dans la continuité de son prédécesseur finit de se tirer une balle dans le pied. En diluant totalement son propos initial et en abandonnant son versant plus action, Hunger Games rate à la fois l’empathie que pouvait avoir le spectateur pour la quête de revanche de Katniss mais également le coche du blockbuster divertissant.

A l’image d’un scénario en roue libre, l’esthétique du film est très inconstant. Si le capitole en ruines est relativement bien dépeint, le film reste globalement très laid, en cause des effets de particules et d’eau relativement infâmes et une mise en scène torchée avec une caméra folle qui notamment dans les scènes plus dynamiques rend l’action totalement illisible.
Enfin, si quelques personnages ont bénéficié d’une évolution plutôt intéressante, le personnage de Katniss est un loupé complet. Aggravé par la prestation hautement lacrymale d’une Jennifer Lawrence saturant totalement le film par son omniprésence, il est compliqué, voire impossible d’avoir la moindre empathie pour un personnage de fiction aussi mal équilibré émotionnellement. Apparemment condamné à jouer la corde du pathos, Katniss devient absolument imbuvable. Dix fois trop long et ne justifiant jamais son découpage (mais qui en doutait ?), Hunger games réussit quand même l’exploit d’expédier son dernier tiers, sabordant son climax et sa résolution finale. Un comble.

Allez, plus que Divergente et The Maze Runner et la vague des blockbusters dystopiques sera passée, on y croit.