Le manuel du petit rappeur
J'aimais plutôt bien black snake moan. Du coup je me suis dit que ça pourrait être bien de découvrir le précédent film de ce réalisateur : Hustle&Flow. Le monde des rappeurs peut en effet s'avérer passionnant. En fait comme n'importe quel monde musical, pas seulement les gangsta. Ce qui fascinne c'est que, quand on cotoie ces gens, on se rend compte qu'ils sont à fond dans leurs rêves, parfois de façon démesurée par rapport à leur talent. Et c'est triste parce que ces gens ne se rendent pas toujours compte de leurs lacunes. Et puis en même temps c'est noble parce qu'ils continuent malgré les refus des labels et des maisons de prod, préférant se fier à leur propre jugement qualitatif.
Hustle & Flow était donc l'occasion de découvrir un monde un peu moins niais que certains films le proposent, un envers du décor. Le film possède un certain avantage : il ne s'encombre pas des responsabilités d'un biopic où les producteurs auraient tenu à suivre certains codes du genre. Et ça ça fait du bien. jusqu'au bout on peut encore se demander s'il va percer ou pas. Malheureusement, ces avantages n'empêchent pas le film de s'enliser dans une certaine facilité. Certaines scènes présentent un certain potentiel mais qui n'est, hélas, que mal exploité. Je pense notamment à la rencontre avec le rappeur Skinny Black. Cette scène longuement attendue déçoit. Non pas parce que ça ne se passe pas comme DJay l'aurait voulu, mais parce que ça aurait pu aller encore plus loin. Et puis parce qu'une fois la scène terminée on peut se rendre compte que finalement des éléments propres aux biopics reviennent à la charge pour mener de façon aussi prévisible que maladroite, un happy ending un peu grotesque. On peut tout de même admirer l'écriture décomplexée des scènes lorsqu'il s'agit de fabriquer un 'tube'. C'est intéressant mais je n'en aurais pas fait mon cheval de bataille. Je pense que ça aurait été plus intéressant de montrer la difficulté de se faire connaître. Et ça, ça manque.
Craig Brewer, fort heureusement présente les choses avec sobriété. Il aurait pu facilement tomber dans un registre plus épileptique surtout avec MTV comme producteur. De même le choix de la BO est parfois surprenant pour un film du genre, et pour moi qui ne suis pas un fan de rap, ça m'a rassuré d'une certaine manière. Toutefois, la musique écrite et composée pour le film (donc que DJay chante) ne m'a pas vraiment semblé très mémorable. Autre détail, les ambiances sonores employées sur les dernières scènes me paraissent inappropriées... Pas que je n'aime pas, mais j'avais presque l'impression que John Carpenter avait été invité pour les composer. Les acteurs sont assez cools. Je trouve que Taryn Manning a un petit air de Christina Ricci (qui était dans Black snake Moan) mais en plus maigrichonne, ce qui est dommage. Heureusement, en contre partie il y a toutes ces belles afro-américaines et leurs formes généreuses. Mais pour revenir à la qualité de jeu, Terrence s'en sort plutôt bien, il ne nous inflige pas les mille et un tics habituels du rappeurs ; certe il la joue agressif, mais tout en restant dans une certaine retenue. Les auters se débrouillent plutôt bien, les prostituées y compris.
Bref, Hustle&Flow n'ennuie pas mais échoue tout de même à émerveiller. C'est dommage le sujet à la base est intéressant, c'est juste que Craig Brewer ne va pas assez loin, que tout semble mou et facile au final.