Septième Art et demi
Imitation Game ou la nouvelle génération du documentaire : du vrai cinéma d'art, avec un bon casting, un réalisateur compétent et un scénario entièrement basé sur des faits réels, non romancé et simplement mis au goût du public. On se concentre sur les faits marquants pour captiver, mais jamais au point de se rendre coupable de mensonge par omission. Il faut bien admettre que le résultat est satisfaisant : à la fois l'on cultive et l'on distrait les foules sans sombrer dans la mauvaise qualité qui est trop souvent le moyen d'expression de ce compromis.
Avec tout ça, le film a juste. Et si les films avec une histoire vraie en toile de fond doivent appliquer ce modèle à l'avenir, c'est tant mieux. Par contre, il y a une concession énorme que fait Imitation Game et qui est loin d'être à son avantage : le réalisme est un tableau très bien brossé et de fait agréable, mais absolument pas cathartique. La catharsis, c'est ce moment d'une œuvre qui nous transporte, nous rend heureux ou profondément nostalgique ; dans les biopics, les évènements factuels qui émaillent l'histoire se densifient généralement jusqu'à exploser dans cette "purification des passions" qui rend des films comme Big Eyes si jubilatoires. Ici, il n'y a rien de tout ça. Alors on va se contenter du charisme du Benedict Cumberbatch et du film de guerre original que le tout nous procure, car cela aussi, c'est factuel.