Avant de commencer cette critique, je dois vous prévenir que ce film donne une certaine importance à l'orientation sexuelle d'un personnage; et je suis obligé d'en parler pour que cet article soit le plus complet possible. Donc si vous n'avez pas vu le film et que vous voulez conserver la surprise, ne lisez pas cette critique.
Imitation Game nous ramène pendant la seconde guerre mondiale, et nous raconte l'histoire d'Alan Turing, mathématicien chargé de "cracker" Enigma, la machine des allemands permettant la communication. Il créera alors une machine complexe, qui se révélera être l'ancêtre de nos ordinateurs (c'est pas vraiment un spoil si vous connaissez le synopsis).
J'ai trouvé ce film bon, mais pas à la hauteur pour les Oscars; car il n'est pas exempt de défauts et n'est pas forcément très original. L’écriture est loin d'être parfaite sans être mauvaise, les acteurs sont bons sans être mémorables, la réalisation n'est pas grandiose et la musique reste sympathique. Je vais revenir point par point sur ces diverses éléments.
C'est une histoire vraie, donc c'est difficile de juger correctement l’écriture. Il y a quelques passages humoristiques bienvenus, qui m'ont bien fait rire, mais certains dialogues frisent le ridicule : par exemple, lors d'un flash-back, on voit le jeune Alan discuter avec son ami Christopher :
-"Blablabla, ils te frappent car tu es intelligent"
-"Maman dit que je suis spécial"
Sérieusement ? Je ne vais même pas prendre le temps de commenter.
En parlant des flash-back, il faut savoir que l'histoire se déroule sur trois périodes de temps différentes : 1951, pendant la Guerre et 1928. Je trouve ces derniers vraiment mal introduit dans la narration, et peu utiles, hormis pour comprendre le nom que donne Turing à la machine et son dégoût pour la violence. Ils interviennent vraiment à des moments aléatoires de l'intrigue, et perdent presque le spectateur. Il aurait peut-être été plus judicieux de raconter son histoire passée lors d'un long discours, qui aurait pu se révéler assez émouvant. Autre problème d’écriture, c'est que je n'arrive pas à savoir ce que veut nous présenter le film : Alan Turing, père de l'informatique ou Alan Turing le mathématicien homosexuel ? Si on part vraiment sur la première idée au début du film, la deuxième va se greffer et va prendre une place de plus en plus importante jusqu’a être citée en première à la fin du film, lors des traditionnels textes précédant le générique. Cela va être d'autant amplifié par les flash-back et va presque prendre la part la plus importante du film.
Je ne vais pas m'attarder sur la réalisation que je trouve classique, presque banale pour m'attarder sur les acteurs, dont deux d'entres eux sont nommés aux Oscars. Commençons avec le désormais célèbre Benedict Cumberbatch, qui nous interprète Alan Turing. Vous avez aimé son cynisme dans la série Sherlock ? Rajoutez un peu de tristesse face à un amour perdu et vous obtenez son personnage dans Imitation Game. Alors, certes, ce rôle n'est pas identique à celui de Sherlock mais il y a tellement de similitudes, qu'on croirait presque qu'on le nomme aux Oscars pour ce personnage de série. Quand à Keira Knightley dans le rôle de Joan Clarke, je ne comprends juste pas sa nomination. Comparé à Rosamund Pike dans Gone Girl ou Felicity Jones dans Une Merveilleuse Histoire de Temps, elle passe trop peu de temps à l'écran et son personnage n'a vraiment rien d'exceptionnel. Elle n'essaye pas de nous émouvoir, nous fait parfois sourire, mais ce n'est pas suffisant lorsqu'on voit les performances des deux actrices que j'ai cité précédemment.
La musique passe bien, à l'aide de piano, de violons ou de flûtes qui viennent ponctuer certains instants comiques ou amplifier d'autres tragiques, mais elle n'est pas vraiment mémorable. Je ne vous déconseille pas ce film, vous allez certainement passer un bon moment. Sachez juste qu'il est surestimé, et que cela peut vous décevoir sur certains points.
