Le drame d'Hollywood : le formatage de n'importe quelle histoire suivant des codes vus et revus, au détriment de la véracité et l'originalité, au bénéfice de l'empathie et l'adhésion. La vie d'Alan Turing n'a malheureusement pas échappé à cette règle. Cela semblait vraiment extraordinaire que l'histoire de Turing présente autant d'éléments si adéquats à l'établissement d'une histoire finalement vue et revue d'un point du vue de l'écriture. Un rapide tour sur Wikipédia nous ramène à la réalité et c'est bien dommage, car le matériau d'origine suffisait à produire un bon film. Il aurait néanmoins fallu s'affranchir des carcans "oscarisants", comme la réalisation, le déploiement de l'histoire et surtout la performance d'acteur de Cumberbatch, et peut-être s'inspirer d'un film comme The Social Network pour assister à un traitement qui aurait rendu honneur au génie qu'est Turing. Pour revenir à la performance de Cumberbatch, si certains y voient un grand moment de sa carrière, j'y vois une interprétation assez facile, peu nuancée, et surtout mensongère, tant Alan Turing n'était pas l'être torturé et antipathique qu'on nous montrait.
Tout n'est pas à jeter. Du fait du traitement de l'histoire, on ne s'ennuie pas au moins. Et certains passages restent relativement intéressants, principalement ceux qui sont périphériques à l'histoire principale : à savoir tout ce qui amène au développement du personnage de Turing dans son enfance et à son "démantèlement" au crépuscule de sa vie. Malheureusement, il faut se farcir les deux autres tiers. Ces deux autres tiers qui finissent de nous convaincre que dorénavant, un film extraordinaire serait celui d'une vie bien ordinaire.