Alors oui mon titre est totalement gratuit mais ce serait le titre idéal pour le remake Gangsta que j'appelle de mes voeux. Trêve de plaisanterie, on entre ici sur les terres de Wong Kar Wai. In the Mood For Love n'est pas mon film préféré. Ni même mon favori parmi les production du Hongkongais. Mais l'un des charmes de In The Mood For Love c'est sa simplicité dramatique. Ce qu'on a là c'est un film de studio: peu de décors différents et à l'exception d'une ou deux rues (où l'on voit jamais le ciel), d'un restaurant et d'un bureau, Wong Kar Wai ne filme que la résidence où habitent nos chers protagonistes. En parlant d'eux, lui c'est un journaliste, feuilletoniste à ses heures, et elle, une femme au foyer au bord de la crise de nerfs. Leurs conjoints sont absents pendant des périodes plus ou moins prolongées (on ne verra jamais que leurs dos d'ailleurs) et qui coïncident toujours parfaitement hum, hum... Bref, c'est à l'ombre de ce couple adultère que va s’esquisser, sans jamais se faire véritablement, le couple de Chow et de Chan. S'ils se rapprochent en partie pour ça, ils abandonnent assez vite leur désir de vengeance sans grande conviction, sans doute parce qu'ils comprennent que l'essentiel pour eux n'est pas là. En permanence, ils jouent les plus belles partitions du non-dit: de jeux de rôles où chacun prend la place du partenaire officiel de l'autre, en discussion à bâtons rompus lourdes de sens, en passant par des coups de téléphones mutiques, ils s'acharnent à faire semblant de ne pas voir l'éléphant au milieu de la pièce comme diraient nos amis anglais. L'ambiguïté que ces stratagèmes impliquent balance entre deux pôles: d'abord libératrice ou presque, elle finit par buter sur une inhibition inexpliquée car dépourvue de grands principes (il serait trop facile d'y voir encore ici le sale boulot des conventions sociales). De Macao à Hong Kong, puis aux Philippines, la seule constante qu'observe Chow c'est la conservation de deux femmes sous la forme d'images plus ou moins colorées mais aussi plus ou moins fuyantes. Malgré ses apparences de monogame malheureux, Chow est une énième formule du séducteur WongKarwaien et c'est à ce titre qu'il se fait chasseur d'images.
Sans rien spoiler, le film se clôt sur une visite de Chow à Angkor au Cambodge. Le temple Khmer tient debout malgré le vide qui occupe son intérieur: une très belle image et une coquille vide.
RobinV
9
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le 9 août 2013

Modifiée

le 9 août 2013

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RobinV

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