Wong Kar-Wai maîtrise le temps et l'utilise pour ériger ou confronter ses personnages (Acheter chaque jour une boîte d'ananas dont la date d'expiration est le 1er mai, pour échapper à la fin d'un amour). Et contrairement à Chungking Express, où les protagonistes sont piégés dans le passé et les souvenirs de leur amour, ils sont dans ce film enclavés dans le présent. Dès le début de cette histoire, on ne se fait pas d'illusion, tant on s'accorde sur le fait que l'amour est intimement lié à la perte (toujours cette date de péremption). La fin d'une relation admise dans ses prémices nous amène alors à explorer une relation aussi douce qu'amer, inscrite dans la fatalité et l'ambiguïté. Et l'amour naît par la suite, dans ce qu'on ne montre pas, dans la perte ou le souvenir. Un univers intime qui s'effondre lentement pour ne plus jamais revenir.
In the Mood for Love, c'est changer de robe ou de cravate chaque jour, dans un quotidien fait d'aller-retours, pour finalement en capturer le temps.