Dans la famille des suites daubées, Resurgence gagne la palme de krypton haut la main. Ce n'est ni vraiment une suite ni vraiment un spin-off ; c'est dans la continuité de l'Independence Day original, ce en quoi c'est une suite, mais elle nous situe à une époque prétendument contemporaine de la nôtre où elle place toutefois des éléments futuristiques qui disqualifie la SF du rang des justifications possibles. Au début, on peut trouver ça amusant, mais on se rendra compte à la lumière de l'œuvre entière que c'était le premier symptôme de son absolue médiocrité.


On est d'abord anesthésié à coups de technologie à la gloire des États-Unis ; on ne va pas s'en plaindre, ça participait à la beauté de l'original. Mais on ne tardera pas à s'éveiller en plein ouvrage de ventre ; l'anesthésie finit par se rompre et la vision est cauchemardesque. En parlant de cauchemar, c'est un des lambeaux les plus plaisants de ce qui nous reste du sommeil artificiel ; ce qui se passe est un cauchemar, les personnages le ressentent comme une vieille terreur qui revient de nulle part, et c'est bien foutu. En tant que spectateur, on se figure les distances interstellaires commes des alliées, et l'on n'arrive pas à admettre comment toute l'histoire peut recommencer. Un bon point pour ça.


Mais comme on l'a dit, la réalité est différente : Jeff Goldblum est réduit à l'état d'un intermède comique, au même rang que Judd Hirsch qui, bizarrement, est à peu près la seule réussite de ce casting à moitié récupéré de l'Independence Day de 1983. De toute façon, le film entier est un intermède comique à la journée durant laquelle on le regarde. Les personnages sont simplifiés à la plus simple expression de leurs anciens rôles, comme s'ils étaient inaccessibles aux scénaristes, et ils pataugent dans une intrigue entièrement copiée-collée du premier film.


L'apparence des aliens est rendue importante par l'évolution des techniques, mais ce n'est que pour faire sortir de nulle part un allié de l'humanité (que cette dernière décide d'ailleurs de dézinguer après 23 secondes d'intense réflexion du Conseil de Sécurité – oups ! –, mais le dézingué en question n'est pas rancunier donc c'est pas grave) qui est le seul ajout conséquent au scénario. Les combats sont un auto-plagiat de l'original, sauf que, détail important, l'état-major décide de faire rentrer les vaisseaux dans le vaisseau-mère alien. Les vaisseaux enemis ne les suivent pas et ils ne doutent pas une seconde que c'est un piège. Comme le dirait le Fossoyeur : QU'EST-CE QUE PUTAIN DE QUOI ?


En gros, Independence Day: Resurgence est beaucoup moins ambitieux que son prédécesseur – on se demande bien pourquoi, d'ailleurs – et puis (c'est bête à dire) moins long. Et pourtant, on ne manque pas de s'ennuyer. C'est surtout une des nombreuses raisons qui font du film une grosse déception et un bon gros foutage de gueule.


Quantième Art

EowynCwper
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le 17 juin 2018

Critique lue 112 fois

Eowyn Cwper

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