Le jour de l'Ennui

Ils reviennent...20 ans après avoir mis un sacré boxon sur la Terre, les extra-terrestres sont bien décidés à finir le travail. Et pour les contrer, l'humanité devra trouver mieux qu'un Apple Powerbook 5300...Après Le Jour d'Après et 2012, Roland Emmerich a décidé de refaire sa fête à la planète en revenant sur son blockbuster (déjà bien destructeur) Independence Day. Assez intelligemment, Resurgence prend le parti de situer le film précisément 20 ans après l'original afin d'accentuer le caractère uchronique de cette suite. Dans le film, les humains ont réussi à rebâtir les villes et redresser des pays grâce à la technologie découverte dans les épaves aliens. On ne s'étonnera donc pas de retrouver trouver une base de défense lunaire ou des avions de chasses sillonner l'espace. Des idées, l'introduction en comporte pas mal et elles sont bonnes (l'Earth Space Defense, la prison d'extra-terrestres, l'épave du vaisseau au Congo).
Malheureusement, Emmerich les traite de manière superficielle. On découvre à peine le nouveau contexte qu'on est déjà envoyé d'un endroit à l'autre, en résulte un sentiment d'inaccompli. Et là se dresse un autre problème: les personnages. Les nouvelles têtes sont nombreuses mais mis à part Deobia Oparei (en seigneur de Guerre), il n'y a grand chose à en tirer. Liam Hemsworth fait ce qu'il peut, Maika Monroe patauge, et Jessie Usher ne dégage rien. En bref, ils sont tout simplement plats. Seuls les "anciens" s'en sortent de manière plus satisfaisante. Jeff Goldblum est comme toujours succulent, Bill Pullman fait un retour correct, et Brent Spiner apporte un peu d'excentricités à l'intrigue (qui n'en manque pas d'ailleurs).
Sinon, le film montre rapidement ses cartes, sans surprises et sans génie. L'arrivée du nouveau vaisseau mère est plutôt efficace mais manque cruellement de tension. Et même quand on en vient aux fameuses scènes de destruction, le film ne dévoile presque pas plus que ce qu'on voyait dans les bandes annonces. Cela reste agréable mais bien décevant surtout comparé au premier qui s'en sort toujours bien aujourd'hui en terme de spectacle. À aucun moment le danger et la sensation d'être dépassé n'est palpable, surtout avec une utilisation aussi abusive des effets numériques. Tout va très vite, on passe rapidement d'un personnage à l'autre, d'un bout du monde à un autre, d'un rebondissement à un autre,...Tant et si bien que l'ensemble sonne faux et manque d'intérêt. Même certaines scènes, qui auraient pu être vectrices d'émotions sont paresseusement traitées. Bien sûr, le film réserve quand même son lot de bizarreries. Le patriotisme est toujours présent mais plus discret que pour le premier, qui provoquait souvent l'éclat de rire. Le personnage de Judd Hirsch, que l'intrigue s'amuse à parachuter ici et là, devient involontairement hilarant. Il y en a d'autres concernant le Dr Okun (mais en dire plus serait spoiler). Ils deviennent malgré eux(?) la représentation parfaite d'un film qui ne se fixe pas d'autre horizon que le grand n'importe quoi. À l'instar du premier, Independence Day Resurgence se voulait fun. Le problème, c'est que le fun ça se travaille.