Avant l'Arche d'Alliance, les pierres sacrées de Sankara.

Deuxième film des aventures d'Indiana Jones. On rétrograde à une année en arrière, en 1935. Ouverture sur un spectacle de cabaret à Shanghaï servant de générique qui se démarque de celui des Aventuriers De L'Arche Perdue : ça démarre immédiatement en fanfare, en bagarre et en trombe dans les rues de la ville chinoise. On fait la connaissance de Willie (Kate Capshaw), la chanteuse blonde vénale qui n'arrête pas de crier (et Dieu sait que l'on va beaucoup l'entendre), embarquée malgré elle dans l'action et de Demi-Lune (Jonathan Ke Quan), le môme sacrément débrouillard et associé de l'archéologue (un plaisir de le revoir ce petit homme-là).


Le long métrage ne laisse pas souffler depuis son début jusqu'à la chute en bateau gonflable depuis un avion, mais finit par accorder un premier répit lorsque les naufragés du ciel arrivent aux Indes après une séquence de raft improvisé. Arrivant dans un village au milieu d'une terre rendue désolée à cause du vol d'une pierre sacrée, l'une des cinq reliques lithiques que Shiva a donné à Sankara pour combattre le mal, les habitants dressent le sombre tableau qui attend notre trio qui n'est pas au bout des tracas dans la péripétie la plus obscure de la tétralogie.


Donc Indiana Jones Et Le Temple Maudit se présente comme la péripétie la plus sombre de l'archéologue, mais aussi le plus criard de part les hurlements du personnage de Willie (elle n'arrêtera pas quand elle ne râlera pas) et d'une bande son se révélant parfois agressive, omniprésente, ce qui est susceptible de fatiguer à la longue. Autre détail irritant à noter, est que la voix française prêtée à Indiana Jones (la même que Han Solo dans La Guerre Des Étoiles), ne colle pas au personnage joué par Harrison Ford. Cela le fait sonner plutôt crétin et trop humoristique, quoique le timbre de Francis Lax sied bien à une cupidité que le héros manifeste au commencement : "Fortune et gloire ! Fortune et gloire !" à la pensée de la pierre sacrée qu'il devra reprendre aux mains de terribles ennemis. Je préfère la voix française prêtée au héros dans le film précédent, avec plus de gravité et de sérieux.


On verra des horreurs dès qu'Indy et ses amis entreront dans le palais de Pankot, avec le dîner de mets peut ragoûtants qui feront tourner de l'oeil notre blonde vaniteuse, le passage secret grouillant de bestioles qui craquent sous les pas, le sacrifice dans les profondes entrailles du palais et l'appétit sanglant des crocodiles vers la fin. C'est lugubre, parce que la divinité antagoniste, Kali, vénérée par le sorcier Mola Ram (Amrish Puri) - le meneur des Thugs, qui apparaît sur un plan inquiétant avec son regard émergeant au-dessus de l'épaule d'une victime qui va être sacrifiée face à lui - est loin d'être des plus commodes.


Pour ce qui est des horreurs à subir, il faut savoir qu'à l'époque, le producteur Georges Lucas sortait d'un divorce et l'avait vraiment mauvaise. Il désirait donc en faire voir de toutes les couleurs au personnage féminin interprété par Kate Capshaw alors future épouse de Steven Spielberg dans la vie réelle.


Évidemment, et heureusement peut on se dire, l'humour permet d'alléger l'atmosphère même dans des instants des plus noirs quand Willie apprend du Docteur Jones, par exemple, que les pierres sacrées renferment des diamants, peu après la séquence sacrificielle.


La course-poursuite dans les mines est invraisemblable autant que mémorable. Moi qui reprochait celle dans le fleuve jusqu'aux cascades dans Le Royaume Du Crâne De Cristal, la preuve en est que la magie a mieux fonctionné en enfance plutôt que dans le coeur d'un adulte blasé. Je préfère néanmoins la séquence du pont suspendu, moment tendu, instant de vérité et confrontation finale entre Indy et Mola Ram.


La libération des enfants du village sinistré, enlevés par les Thugs pour être réduits dans un esclavage ignoble, est un feu d'artifice émotionnel des plus touchants. C'est le moment le plus beau de ce film, avec ensuite le retour au village des bambins dans les bras de leurs parents. Une explosion de joie qui contraste nettement avec celle du méchant Mola Ram et du terrible dessein que réservaient les adeptes de Kali sur le monde entier. Même Demi-Lune émeut quand il peine à sortir, précédemment dans le temple des Thugs, son grand ami Indiana Jones envoûté par le pouvoir des ténèbres.


De ce ...Temple Maudit, on en sort à la fois ravi et essoré. Ce deuxième film de la saga d'Indiana est tellement mouvementé, avec une bande son archi-présente, qu'il peut en devenir épuisant selon l'humeur du spectateur qui le regarde. Il se termine cependant, soutenu une dernière fois par le thème musical récurrent de John Williams, par le plan émouvant des enfants qui font fête en venant entourer les héros.


Pour finir, de cette obscure épopée, on ressent que le personnage d'Indiana Jones en ressort enrichi et transformé de l'intérieur. Il en est revenu embelli (ainsi que sa compagne passagère), loin de la fortune et de la gloire probablement matérielle et/ou personnelle qu'il mirait au tout début de l'histoire.

MonsieurScalp
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le 28 juil. 2020

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