L'habit ne fait pas le moine

Indochine est un film qui, à premier abord, se drape de nombreuses parures prêtes à l'habiller en un grand film. Budget conséquent, durée importante (2h40) et de belles images en prime. Si l'on peut bien reconnaître une qualité majeure à ce film, ce sont ses décors (naturels ou construits) et ses costumes. Tout est impeccable, nous rappelant les efforts des costumiers de l'âge d'or. L'interprétation aussi a de l'élégance et tous ont un physique. Malheureusement, cela ne suffit pas. En effet, leur jeu reste peu diversifié pour le panel impressionnant de toutes les scènes qu'ils doivent traverser. Il y a beaucoup trop de scènes pour bien trop peu d'intrigue. L'enchaînement des situations est mécanique, presque chronométré et la musique s'emballe d'ailleurs beaucoup trop souvent, donnant l'impression que chaque évènement quel qu'il soit est d'une teneur dramatique de niveau cosmique.
Chaque scène est tristement étirée au maximum, que ce soient les bonnes, mais aussi les mauvaises (et Dieu sait qu'il y en a). On repense aux scènes particulièrement exaspérantes dans la deuxième partie du film montrant les conversations répétitives entre le personnage de Catherine Deneuve et du policier.
On peut aussi souligner l'hésitation constante du scénario, sans arrêt tenté entre les personnages et le contexte historique. La fin du film se concentre sur la conclusion de la guerre d'Indochine, alors que le conflit n'est qu'une lointaine tâche de fond tout le long du film. On n'est d'ailleurs qu'à son commencement lorsqu'on bondit brutalement vers la fin à trente minutes du générique. On est alors incapable de ressentir les conséquences du conflit.

C'est un film moyen, qui aurait pu gagner en rythme s'il avait su rester un peu plus modeste dans ses prétentions.

Mais retenons tout de même la scène de l'accouchement, où l'on est ravi de voir qu'une femme enceinte peut encore sourire lors de l'heureux évènement. Le cinéma américain dont l'imaginaire est parsemé de martyres féminins agonisant pendant la naissance du bébé n'aura pas corrompu cette production française.