Romero comprend son sujet. L’humour est totalement banni du film. En effet, contrairement à la sauce moderne du film de morts-vivants, une véritable ambiance est menée du début à la fin sans interruption. Il commence avec un cimetière et se termine par une boucherie. Entre-temps, l’action est resserrée sur le groupe de survivants, sans que nous ayons une seule image des évènements extérieurs. La télévision et la radio ne font que nous raconter ce qu’il se passe dans le reste du pays sans jamais le montrer. Dès lors, nous sommes saisis par l’impression que le monde se réduit à cette sinistre maison bordée par le cimetière, les champs et les bois. Le sentiment de claustrophobie est dès lors parfaitement rendu. Les personnages sont classiques bien sûr, mais ce ne sont pas tant leurs personnalités qui importent, mais la manière dont ils disparaissent. Les situations qu’ils affrontent sont toutes merveilleusement sinistres et jamais un film n’a aussi bien porté son nom : ce film nous présente une nuit cauchemardesque, une page d’horreur de quelques instants où l’on attend chaque évènement avec délectation.
Il est aussi intéressant de constater une progression vraiment soignée des évènements de rencontre et de disparition : le premier personnage est découvert à l’extérieur dans des espaces ouverts, alors qu’il fait encore jour. Le second apparaît la nuit, sur le seuil de la porte. Enfin les autres sont trouvés dans les tréfonds de la maison, à l’intérieur de la cave. La progression des meurtres est strictement la même : d’abord à l’extérieur (la sortie ratée du camion), puis au seuil de la porte (la démente happée par les mains de son défunt frère) et enfin l’embuscade de la cave.
Lorsque le dernier personnage semble avoir survécu, une sensation étrange nous parvient : la menace plane toujours. Mais cette fois-ci elle a pris une autre forme. L'homme noir a beau avoir réussi à s’en sortir, la chasse continue à l’extérieur. On ne saura d’ailleurs jamais si le tireur de la fin abat notre survivant parce qu’il le croit être zombi, ou simplement parce qu’il est noir.
En tous les cas, la fin nous fait réfléchir sur le rôle de victime et de prédateur et la capacité de l’homme à fléchir ou à se battre pour sa vie et son honneur face à un groupe hostile. Certains capitulent (telle la blonde démente), d’autres résistent (le noir, qui n’est d’ailleurs pas sensible à l’effet de groupe quel qu’il soit), certains paniquent (le mari) ou bien même deviennent martyrs (sa femme et les deux jeunes).
Ce film est grisant par son ambiance, glaçant par son aspect social. Une belle équation qui fait de Romero le chantre d'un genre au fort potentiel trop souvent gâché.