Dans la Californie hippie du début des années 1970, le détective privé Doc Sportello tente de percer le mystère d’une arnaque visant à faire tomber un milliardaire locale. L’Amérique post-1968 réserve bien des surprises au Doc, déconnecté d’un univers atypique… peut être la faute aux quantités astronomiques de Marie Jeanne qu’il consomme. A moins que le monde ne soit réellement barré.
Je n’aime pas les films de Paul Thomas Anderson.
C’est dit ! Que les cinéphiles me jettent la pierre, j’assume. En fait, plus exactement, je ne comprends rien au cinéma de PTA. Pourtant, je tente de m’ouvrir, de me convaincre que je passe à côté de monuments. Tous ces bons sentiments, la lecture de So Film et même la tentative d’assister à l’avant-première en présence du cinéaste n’ont pas suffi. Une fois encore, Inherent Vice n’aura eu aucun impact sur mes émotions cinématographiques, hormis une irrépressible envie de souffler d’ennui.
A chaque fois c’est la même chose, un morceau de 2h30 engrossé de dialogues sans virgules et d’une histoire qui ne décolle jamais, ô grand jamais. En plus, il est évident qu’il ne faut en rien le prendre au premier degré car tout a un double sens. En plus de cogiter sur le pourquoi du comment, on doit chercher ce qu’a voulu signifier le réalisateur sachant que rien n’est explicite. Ce que l’on voit, ce que l’on entend (cette voix off barbante) ne sont pas forcément la réalité. Au bout d’un moment, on abandonne.
Alors on passe à la simple contemplation et là on savoure les performances d’un casting jouissif articulé autour de Joaquin Phoenix. On comprend pourquoi ce dernier se retrouve encore dans un film de PTA, j’adore l’acteur et l’homme torturé qui se cache derrière mais la moitié de sa filmographie pousse l’ennui dans ses retranchements. Entre génie incompris et recherche d’un certain élitisme, la frontière est floue.
Inherent Vice c’est peut être l’œuvre la plus personnelle de Paul Thomas Anderson. Élevé pas loin des beatniks sous le soleil californien, il y a une part de son âme, comme un Horcruxe qui éclate à la tronche des quelques élus capables de triper devant un imbroglio d’émotions et de psychologie humaine. En plus, son amour des films porno est désormais assouvie avec comme prétexte la liberté sexuelle où les représentations plus ou moins formelles des femmes dénudées s’en trouvent parfois poussées à l’excès. Josh Brolin se transforme même en professionnel des gestes lascifs à travers notamment la dégustations ambiguë d’objets aux formes phalliques tels des bâtons de glace et autres bananes flambées.
La plongée dans le début des années 1970 est bien retranscrite ne serait-ce que grâce aux tenues et coupes de cheveux improbables, ainsi que les couleurs délavées assumées par l’aspect granuleux des images. Les fans d’argentique vous aimer. La musique qui accompagne Inherent Vice est aussi d’époque avec de super morceaux rock et folks bien américains. Rien à faire cependant pour nous remettre sur les rails d’un film qui perd les pédales dès le début.
Embrumé par la fumée de joints de Doc Sportello, le cinéma d’auteur de PTA se conjugue sous la forme d’une narration incompréhensible, où les pistes se brouillent aussi vite que notre ressenti pour les différents personnages du film. Cette instabilité chronique de Inherent Vice (comme There Will Be Blood et The Master) lâche bien trop vite le spectateur. On ne peut au final que se contenter de voir les acteurs brillants qui se succèdent à l’écran et les quelques actions qui oscillent entre le LOL et le WTF. Inaccessible pour le commun des mortels, me voilà une fois encore incapable de juger un film de Paul Thomas Anderson. Tant pis pour les pragmatiques, tant mieux pour les autres.