Avec ‘The Master’, le réalisateur Paul Thomas Anderson se reposait sur des acteurs hypnotiques et une réalisation millimétrée, quitte à proposer une œuvre au propos complètement opaque. On trouve également dans ‘Inherent Vice’ une intrigue obscure, mais sans y retrouver le talent qui sauvait ‘The Master’.
En premier lieu, et c’est le plus frappant, Joachim Phoenix est relativement décevant. Non seulement son personnage n’est clairement pas une figure particulièrement charismatique du récit, mais il est loin d’être aussi investi que dans ses derniers rôles (‘Two Lovers’, ‘The Master’, ‘Her’). En outre, l’acteur principal partage l’écran plus que nécessaire avec une dizaine d’autres personnages secondaires. Mais hormis Bigfoot Bjornsen (interprété par Josh Brolin, le seul à tirer son épingle du jeu), tous les personnages sont anecdotiques, et ne font que passer dans une intrigue bien trop vaste.
C’est d’ailleurs l’autre majeur problème de ‘Inherent Vice’ : l’intrigue semble ne chercher qu’à perdre à tout prix son spectateur. A quoi bon introduire Sloane Wolfmann et son amant de manière pompière si ceux-ci n’ont plus aucun intérêt pour la suite du récit ? On comprend bien que le film se présente comme un trip nonchalant dans les coulisses enfumées des années 70, mais le scénario est malheureusement impénétrable.
Enfin, la réalisation de Paul Thomas Anderson a également tendance à décevoir. On retrouve la pâte du réalisateur dans la construction de certains plans, mais les scènes véritablement saisissantes sont trop rares pour qu’on puisse vraiment apprécier le talent du réalisateur. Au moins, on se raccrochera à des jeux de lumières qui nous plongent avec brio dans l’ambiance hallucinée des années 70, et surtout à une excellente bande-originale. En mêlant des morceaux d’époques à ses propres compositions psychédéliques, Jonny Greenwood démontre encore une fois à quel point ses collaborations avec le réalisateur sont intéressantes.
Incompréhensible et techniquement décevant.