L'ex petite amie de Doc débarque en pleine nuit, lui raconte que son petit ami risque d'être envoyé chez les fous par sa femme et son amant. Un pitch de départ qui s’avéra impossible à compléter à l'arrivée. L'enquête folle de Doc Sportello est lancée, tout comme le trip du spectateur. Paul Thomas Anderson nous entraîne dans un vortex narratif psychédélique, où les tenants et aboutissants incompréhensibles d'une enquête policière sont éclipsés par une série de scènes toutes plus incroyables les unes que les autres tant elles brouillent les pistes. Avec une multitude de protagonistes, on ne s'est plus qui est qui ni pourquoi ils sont là. Le recours à une voix-off semblait indispensable pour pouvoir suivre un semblant de cette enquête auquel même son détective semble plus perdu que nous-même. Pour ceux qui en doutaient encore, Inherent Vice n'est pas un polar.
Ce qui ressort de la prose de Pynchon, fidèlement adaptée par Anderson dans un film quasi-exclusivement dialogué, est la paranoïa de son auteur personnifiée dans son personnage au sein une Californie post-sixties guettée par une grosse gueule de bois qui culminera par une défaite au Vietnam. Inherent Vice s'apparente alors à un Las Vegas Parano bien plus fin que l'adaptation de Hunter S. Thompson. Un ''Los Angeles Parano'' noir déguisé en drôle de film policier.

Collé à son siège, l'esprit transporté par ce qu'on lui propose, le spectateur plonge dans une rêverie extravagante alimentée par des acteurs qui se donnent à fond. Le talent de Paul Thomas Anderson, avec son incontestable maîtrise de la mise en scène, reste sa direction d'acteurs. Il abandonne le film choral et offre à son héros/détective toute une flopée de rencontres avec des personnages tous plus angoissés les uns que les autres, et drôles malgré eux. Joaquin Phoenix et surtout Josh Brolin n'ont jamais été aussi drôles. De la même manière, le cinéaste californien Paul Thomas Anderson n'a jamais été aussi éloigné du modèle hollywoodien. Malgré son casting de stars, Inherent Vice ne compte qu'une scène de sexe, une autre de violence pour cent autres de dialogues pour un film en lévitation sur 2h30. Sans complexe, très esthétique et halluciné.
JimAriz
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le 9 mars 2015

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