Ce film m'énerve, parce qu'il me rappelle que je ne comprends vraiment pas ce qui fait la génialitude des Coen (précisons pour ma défense que je n'ai vu que Burn after reading, Big Lebowski que j'ai tous deux détestés et No country for old man et True Grit que j'ai, eux, beaucoup appréciés -je n'ai probablement pas encore vu leurs "meilleurs films", Fargo, A serious Man...). J'ai l'impression qu'il faut être sensibilisé au cinéma des Coen pour pouvoir aimer Inside Llewyn Davis. J'ai l'impression que ce film puise aussi sa qualité dans l'aura qui l'entoure, dans la reconnaissance préalable dont disposent ses spectateurs. J'ai l'impression qu'il n'est pas un film "pour tout le monde" mais un film pour un public averti, et je crois que je n'en fais définitivement pas partie (ça me vexe d'ailleurs). Mais bon, oublions ce que je pense des Coen et cette impression horripilante que j'ai de passer à côté de quelque chose et de ne pas saisir ce qui fait leur virtuosité. Que ce film soit de perlinpin, du pape ou des Coen, peu importe après tout. Je l'ai trouvé sérieusement chiant à mourir. Je suis peut-être une grosse beauf qui n'a rien compris à la beauté, mais je ne comprends pas ce qu'il y a de génial à un film comme celui-là. Bon sang, on passe deux heures à suivre la vie d'un mec qui échoue dans tout ce qu'il fait. Si encore il échouait à intensité variable, si encore on passait par plusieurs stades d'émotion (et oui je suis assez simpliste moi mais j'ai besoin que le cinéma me procure quelque chose dans le coeur, dans les tripes, ou au moins dans le cerveau. J'ai besoin de la dimension sensorielle, je ne regarde pas un film juste pour voir de belles images, il faut que ce film me parle, qu'il me bouge, qu'il me happe) je ne serais pas contre. Je n'ai absolument rien contre les films sans espoirs, je trouve que l'errance peut être un magnifique thème de cinéma quand elle est bien traitée, quand elle donne à voir ou à ressentir quelque chose. J'aime l'errance au cinéma quand elle me fait rire (Le grand soir), quand elle me fait pleurer (L'épouvantail), quand elle m'interroge, quand elle me bouleverse (Easy Rider). J'aime l'errance au cinéma quand elle me rend mélancolique (Down by law), quand elle me renvoie à moi, quand elle me travaille au corps. Mais là, sérieusement putain, je n'ai RIEN ressenti si ce n'est de l'ennui. Je n'ai ressenti aucune émotion, je n'ai pas réussi à m'identifier à ce personnage qui est censé avoir des barrières intérieures qui l'empêchent d'aller de l'avant. On n'a pas accès à sa psychologie. Je veux bien, mais alors il faudrait à mon sens qu'il y ait un élément extérieur qui me procure de l'émotion. Là non, rien. Les seuls passages où j'ai cessé de voir le film et où je l'ai regardé, c'est ceux avec le chat (je suis peut-être une niaise en fait, j'ai peut-être besoin de pathos pour ressentir des chose). Je suppose que le film est porteur d'une grande subtilité, je suppose qu'il a transporté beaucoup de spectateurs, mais ça me blase, je n'arrive pas à comprendre comment on a pu ressentir autre chose que de l'ennui. Oui les images sont belles et la musique aussi, mais la dimension esthétique ne sera jamais suffisante pour me faire voyager. Je crois qu'il faut que j'arrête d'essayer de comprendre : certains aiment peut-être la beauté pure et s'en contentent, ou alors il y a autre chose, il y a de l'émotion, et je n'ai pas su la saisir.
Anna_M
2
Écrit par

Créée

le 13 nov. 2014

Critique lue 749 fois

6 j'aime

2 commentaires

Anna_M

Écrit par

Critique lue 749 fois

6
2

D'autres avis sur Inside Llewyn Davis

Inside Llewyn Davis
Sergent_Pepper
8

That’s all folk.

« Pendez-moi, j’ai défié le monde… » chante Llewyn dans la chanson qui ouvre le film. Tout est là, comme souvent chez les frères Coen, pour irrémédiablement condamner le protagoniste. Parasite,...

le 15 avr. 2014

141 j'aime

6

Inside Llewyn Davis
Socinien
7

Notes à benêt

Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes session 2013, Inside Llewyn Davis est en effet un très bon cru des frères Coen qui se déguste avec délectation : un film ironique, pluvieux et hivernal, ce...

le 26 mai 2013

79 j'aime

18

Inside Llewyn Davis
Torpenn
6

Les douze coups de minou

Il existe au cinéma une véritable esthétique de la moulasse, avec de très nombreuses variations autour de la moule au milieu du salon, quelque chose qui place le mollusque au niveau des losers...

le 15 nov. 2013

70 j'aime

22

Du même critique

Les Quatre Cents Coups
Anna_M
4

Critique de Les Quatre Cents Coups par Anna_M

Film sympa d'un point de vue historique : il nous plonge dans l'éducation (scolaire et familiale) des années 60 et le rapport enfants-parents encore très impersonnel à l'époque. De plus les jeunes...

le 12 nov. 2014

17 j'aime

2

La Femme d'à côté
Anna_M
5

Critique de La Femme d'à côté par Anna_M

Ah, Truffaut et ses histoires d'amour impossible ! Si Jules et Jim m'avait complètement transportée, La femme d'à côté ne m'a pas vraiment touchée. Je ne sais pas, quelque chose manque. Je trouve...

le 13 nov. 2014

15 j'aime

Summer of Sam
Anna_M
10

Critique de Summer of Sam par Anna_M

Depuis le temps que j'avais envie de voir un film jouissif ! Je ne pouvais pas être mieux servie. Summer of Sam est mon préféré des 3 films de Spike Lee que j'ai vus pour l'instant (et la barre était...

le 13 nov. 2014

8 j'aime

1