Les années 2010 sont la décennie de l’espace : un grand nombre de films sur les voyages en dehors de la Terre sortent. 1 an après le sublime mais très long et ennuyeux « Gravity », réalisé par Alfonso Cuaron, c’est au tour de Christopher Nolan de se tester à ce sujet, en présentant en 2014
« Interstellar ».


Dans un futur proche, la Terre se meurt. Cooper, veuf, vit avec son beau-père et ses deux enfants, Tom et Murph. Ancien pilote de la NASA, il se désole d’entendre les gens résignés dire que les missions Apollo n’ont jamais existé. Un jour, Cooper découvre par hasard des installations secrètes de la NASA, dont les membres, présidés par le professeur Brand, l’informent de la découverte d’un trou de ver, à proximité de Saturne. Or, du fait de sa taille, sa durée et sa forme, les scientifiques ont conclu qu'il a dû être créé par une forme intelligente pour sauver l'humanité de l'extinction. Brand révèle à Cooper que le but de la NASA est de sauver l'humanité en trouvant une autre planète habitable, car la Terre ne le sera bientôt plus. Cooper est alors engagé pour piloter le vaisseau Endurance, avec pour mission de retrouver les trois explorateurs des expéditions Lazare. De son côté, le professeur Brand cherche également comment procéder à une évacuation générale de la Terre. Il estime pouvoir « manipuler » la gravitation, s'il résout une certaine équation. Finalement, malgré les supplications de ses enfants et surtout de sa fille, Cooper accepte cette mission et quitte la Terre, avec le risque de ne plus jamais revoir sa famille…


A la différence de « Gravity » d’Alfonso Cuaron, que l’on peut considérer comme son prédécesseur, étant donné qu’il est le film spatial le plus récent, « Interstellar » possède un vrai scénario. On pourrait même dire un scénario (presque) trop complexe. Mais Nolan fait du Nolan : un scénario très compliqué qui rend le sujet passionnant et stressant. Son film est une véritable aventure, avec un suspense constant, et qui ne se prive pas d’aborder des thématiques touchantes et profondes, les principales étant le temps et la famille.
La notion de famille est essentielle dans ce film, et elle en est même la clé : Cooper est veuf mais il vit toutefois avec son beau-père ; il a deux enfants mais on sent qu’il est bien plus proche de sa fille que de son fils. L’une des scènes marquantes du film est le visionnage, alors qu’il est dans l’espace, des vidéos envoyées par sa famille, lorsqu’il voit ses enfants grandir plus vite qu’il ne vieillit, tout en lui annonçant différentes nouvelles (parfois joyeuses, parfois tristes) et comprend qu’il ne les verra sûrement plus jamais. Par la suite, Cooper apprend également que l’amour qu’il porte à ses enfants, et notamment sa fille, est possiblement la solution pour sauver la planète.
Le temps a également une place primordiale dans le scénario de Nolan. Ce dernier montre, en utilisant différentes temporalités parallèles, que tout peut aller très vite, et qu’il convient de profiter des autres, de la vie, de ses bienfaits. La notion d’espace-temps est essentielle dans l’espace, et est un véritable enjeu pour les projets des personnages.


Au-delà du scénario, il convient également de retenir le formidable travail de réalisation de Christopher Nolan. Les images sont splendides, que ce soit sur Terre, mais aussi bien sur dans l’espace, et notamment sur les deux planètes visitées par les personnages. La tension est palpable, surtout sur la planète composée d’eau. Les effets visuels sont superbes, et ont largement mérité la récompense suprême aux Oscars 2015 (seule récompense pour le film).
Il y’a également un véritable travail sur le son, avec un montage et un mixage sonores exemplaires, que ce soit pour les bruitages ou au contraire pour les silences, car il est bien connu que « dans l’espace, personne ne vous entend ».
Le travail sonore est évidemment sublimé par la bande-originale, créée par le maitre Hans Zimmer, qui signe certainement pour ce film sa plus belle composition. Le chef d’orchestre allemand démontre tout son génie, avec plusieurs musiques rendant certaines scènes qui semblent au premier abord banales véritablement magnifiques (cela concerne par exemple la musique « Cornfield chase », lorsque Cooper et ses enfants traversent un champ de maïs en 4x4 pour poursuivre un drone). Le thème principal du film est aujourd’hui dans la tête d’un grand nombre de personnes, tout comme un grand nombre d’autres musiques du film. Il est assez invraisemblable que le compositeur n’ait pas été récompensé aux Oscars.


Le film est également porté par un excellent casting. Matthew McConaughey montre que l’année 2014 est son année : juste après « Dallas Bayers Club », qui lui vaudra notamment l’Oscar du Meilleur Acteur cette année-là, il change une nouvelle fois de tête (comme dans chaque film, ce qui est tout simplement ahurissant) et de registre, avec un rôle qu’il interprète magnifiquement. Sa fille Murph est jouée par trois actrices différentes (Mackenzie Foy, Jessica Chastain et Ellen Burstyn), toutes très douées, avec une mention particulière pour la plus jeune d’entre elles, la première citée, qui est bluffante de justesse et de tendresse malgré son jeune âge. Tous les autres acteurs et actrices (Anne Hattaway, Michael Caine, Casey Affleck, Timothée Chalamet et Matt Damon notamment) sont également très bons.


« Interstellar » est un excellent divertissement, car contrairement à d’autres films (notamment sur la thématique de l’espace), il propose une véritable histoire, avec du suspense et un intérêt réel. Le casting est bon, la musique est sublime, l’histoire est palpitante. On ne peut pas demander grand chose de plus, et sa longueur ne prive pas le spectateur d’une véritable claque. Son seul petit défaut est peut-être sa complexité, entrainant des possibles difficultés de compréhension. Mais ce film étant réalisé par Christopher Nolan, cette complexité est en vérité des plus banales…

HugoDe_Ranter
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le 15 nov. 2021

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Hugo De Ranter

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