On va commencer par énumérer quelques points forts et faibles de ce film :
-Pas trop de pathos (même si il y a 2 moments qui auraient pu être plus subtils)
-Grand spectacle. Visuellement c’est beau. Que ce soit sur Terre, dans l’espace ou sur les différentes planètes.
-McConaughey est excellent. Sans lui le film ne dépassait probablement pas la moyenne. Hathaway dont je ne suis pas spécialement fan est, là, plutôt bonne. Chastain, elle, c’est autre chose. Mais bon on ne la voit pas trop.
-Musique originale mais beaucoup beaucoup trop présente. Je viens voir un film, pas assister à un concert de Zimmer sur fond d’image. A un moment il faut remettre les choses à leurs places. Le principal c’est le film et les dialogues.
-Scénario ultra prévisible
-Très bonne intro mais fin pourrie
-Quant au parcours métaphysique, à la réflexion. Je ne dis pas qu’il n'y a rien. Il y a des « pistes » intéressantes quand on pense notamment à la relativité du temps. Mais tout ça est tellement survolé pour finalement nous offrir une morale à deux balles sur l’amour.
Ça commençait si bien, ça se termine si mal. Cooper, ingénieur, ancien pilote de la NASA, reconverti en agriculteur pour nourrir une humanité subclaquante, poursuit avec ses gosses un drone. Une scène d’action sans enjeu mais qui a le mérite de nous plonger immédiatement dans le film. Une réunion avec un professeur qui nie l’existence des missions Apollo. Une partie de baseball qui se termine dans une tempête de sable. En quelques minutes l’univers est magnifiquement présenté avec ses enjeux, ses difficultés et son évolution par rapport à notre situation.
Et puis il y a ce fantôme dans la chambre de Murph. Même si on devine immédiatement la véritable nature de ce fantôme, j’étais prêt à y croire pour peu que le film verse du bon côté. Malheureusement ça ne sera pas le cas mais nous y reviendront.
Bref Cooper, d’une manière ou d’une autre, est rappelé par une NASA sans existence officielle afin d’aller explorer 3 planètes potentiellement habitables qui se situent au-delà d’un trou de ver qui vient d’apparaitre à côté de Saturne. Forcément il accepte bien qu’il doive pour cela abandonner sa famille. Bon, là déjà on aurait peut-être pu avoir droit à un minimum d’hésitation du père Cooper. Je veux dire ce n’est pas une décision que tu prends à la légère. Bref… Du coup Murph fait la gueule (logique) mais va courir après la bagnole de son père lorsqu’il part ? Je sais que c’est un grand classique des scènes mélo hollywoodiennes mais stop quoi. La gamine boude dans sa chambre et elle reste bouder dans sa chambre. C’est comme ça que ça se passe dans tous les pays de la terre, dans toutes les chambres d'enfant, non ? Donc le Cooper qui se barre, plan sur le fils et le grand père puis mouvement de caméra vers la chambre de la gamine et retour sur la voiture qui s’éloigne. Ça évite le pathos, c’est plus subtil, c’est plus réaliste.
Aussi vite parti, aussi vite il décolle. Donc le Cooper qui n’a pas piloté depuis des années se retrouve aux commandes d’une navette spatiale sans familiarisation avec, sans entrainement ? Alors oui, je me doute que cet entrainement a eu lieu et que Nolan choisit de ne pas le montrer. Sauf que là la transition est très brusque. Quand j’ai vu se passage je me suis dit, il va se louper, ça va être une grosse scène de tension mais ça n’aura été qu’un entrainement sur simulateur. Ça aurait été tellement mieux, selon moi. Mais non. C’est pour de vrai tout se passe bien et Cooper est un Dieu capable de piloter une navette spatiale sans entrainement. Bon là, j’avoue je chipote mais j’aurais tellement préféré ma version ou quelque chose du genre.
S’en suivent quelques plans de l’espace et de la Terre, c’est toujours appréciable et la rencontre avec TARS. TARS est une espèce de robot multitâches super évolué qui ressemble au monolithe de Kubrick dans ses proportions mais avec des éléments mobiles lui permettant de se déplacer et de manipuler des objets. TARS est une des bonnes idées du film. Pas tellement pour ses capacités mais surtout pour son humour et le duo qu'il forme avec Cooper. C’est le p’tit malin de la bande et il apporte un peu de légèreté dans cette histoire parfois un peu indigeste.
ATTENTION ZONE DE GROS SPOILERS.
Cooper et ses copains traversent le trou de ver et là tout est ultra prévisible. Le black de service annonce que la proximité de la 1ère planète avec le trou noir va énormément déformer le temps, ça ne manque pas, les mecs perdent 23ans (merci Jimbo) et leur premier membre d'équipage au passage. Il leur reste 2 planètes mais uniquement de quoi aller en visiter une. Hmm… dilemme. Évidemment ils choisissent la mauvaise où l’explorateur précédent veut les buter pour prendre le vaisseau. Ils s’en sortent (sauf le black de service). Par contre là, formidable scène d’action où la navette tourne à toute vitesse pour se synchroniser avec la station et pouvoir s’arrimer. Évidemment Cooper se sacrifie pour sauver Brand (Hathaway) et lui permettre de rejoindre la dernière planète. Il tombe alors dans le trou noir et là c’est le drame.
Représentation farfelue, fausse logique, le trou noir est en fait la chambre de Murph et le fantôme était donc son père qui communiquait avec elle à travers l’espace et le temps… mince alors je ne l’avais pas vu venir. Ah si en fait…Vous ne pouvez pas imaginer alors le désespoir et le sentiment blasé qui m’envahit à cette vision du trou noir. En plein dedans qu’il tombe le père Nolan. Non, non et non ! Le problème lorsqu’on fait un film qui se veut « réaliste » scientifiquement parlant c’est qu’on ne peut pas terminer sur un truc aussi invraisemblable. On me dira qu’on ne sait pas ce qu’il y a dans un trou noir mais la chambre de sa fille ça semble quand même hautement improbable !!!! Et puis cette morale quoi. C’est bon je n’ai plus 10ans. L’amour transcende tout même le temps et l’espace. C’est d’un niais mais d’un niais ! A la limite que Cooper meurt écrasé par la gravité du trou noir et en ressortir sous forme de petite lumière blanche, ou quelque chose qui symboliserait un être spirituel qui ne soit plus soumis aux lois de la physique, pourquoi pas. Je suis 1000 fois plus prêt à croire à une existence après la mort, à une vie dans des dimensions supérieures, etc. qu’à cette bouillie faussement scientifique. Les fréros Nolan ne savaient pas terminer le film. C’est malheureux mais c’est comme ça. C’est exactement le même sentiment que lors de l’apparition de la machine de Tesla dans Le Prestige. On ne prend pas une caution pseudo scientifique pour faire intervenir du fantastique. Assume totalement le côté fantastique ou adapte ta fin pour rester cohérent scientifiquement.
Bon au final, il aide sa fille à sauver la planète et réapparait comme par magie (là encore la crédibilité du truc…) à côté de Saturne où il se fait récupérer par des vaisseaux humains, retrouve sa fille sur le point de mourir et part retrouver Brand la survivante de l’expédition dont il est bien sûr tombé amoureux…
