Un voyage sensoriel et unique qui bouscule les carcans du genre S.F.
Interstellar... Il arrive de temps à autre de sortir d'une projection et d'avoir du mal à atterrir, revenir à la réalité, tant on reste subjugué par ce que l'on vient de voir... C'est ce qui m'est arrivé après avoir vu Interstellar. Projet ambitieux (encore plus qu'Inception), le nouveau film de Christopher Nolan est un OVNI cinématographique subjuguant qui bouscule les carcans du film de Science Fiction (mais en est-il vraiment un ?). Un choc interstellaire dont on ne sort pas indemne...
Qui aurait cru qu'un film sur le voyage spatial, thème maintes fois abordé au cinéma, aurait pu autant nous éblouir et nous surprendre ? Christopher Nolan semble être le seul homme encore capable de révolutionner le cinéma hollywoodien et ne se gêne pas pour le faire ! Cela commence dès la promotion du film qui en dit volontairement très peu sur son contenu. C'est une chose extrêmement rare de nos jours qui mérite d'être saluée. De ce fait, Interstellar nous apparaît comme encore plus surprenant. De par son casting tout simplement parfait et qui réserve de belles surprises, mais aussi par son histoire qui repose sur des théories scientifiques avant-gardistes, quasi abstraites. Autant dire qu'il faut bien s'accrocher pour tout comprendre. Fort heureusement Nolan arrive à très bien faire passer la pilule en nous immergeant totalement aux côtés de Cooper et son équipe d'astronautes au fin fond de l'univers, du temps et de la réalité telle qu'on la connaît.
Matthew McConaughey est une nouvelle fois éblouissant dans son rôle de père de famille parti sauver le monde (sans tomber dans le cliché larmoyant à la Armageddon), prouvant que l'année 2014 est vraiment SON année ! Anne Hathaway est également parfaite tout comme Michael Caine qui joue le rôle du scientifique vieillissant mais plein de surprises.
Interstellar c'est un peu le 2001 : Odyssée de l'Espace des années 2010. Le réalisateur avoue d'ailleurs avoir été influencé par le film de Stanley Kubrick, ce qui se ressent au niveau de l'ambiance générale et dans sa façon de filmer l'espace. Le film comporte ainsi assez peu de plans spectaculaires. Par exemple pour filmer le départ de l'équipée spatiale de la Terre, Nolan a préféré se concentrer sur les visages des acteurs (et donc leurs émotions) au lieu de montrer le décollage du vaisseau en CGI. Il en est de même pour pas mal de plans du film. Et ce n'est pas bête du tout, cela permet au spectateur d'être en empathie totale avec les différents personnages. Le véritable spectacle du film se trouve plutôt dans l'espace, zone immensément vide et froide qui nous apparaît comme une sorte d'hallucination visuelle et sensorielle, en un mot c'est beau ! Ce qui nous amène au effets spéciaux du film qui, tout en étant bluffants, savent se faire discrets pour porter l'histoire. Encore une fois on sent bien que Nolan ne veut pas forcément nous en mettre plein la vue (même s'il y arrive) et reste plutôt dans le réalisme.
Pour finir que dire de la musique d'Hans Zimmer ! Tout comme dans la trilogie The Dark Knight et Inception, le compositeur arrive à créer un thème musical fort avec seulement quelques notes. Par contre adieu l'orchestre symphonique qui laisse ici sa place à des sons totalement synthétiques qui collent finalement très bien au style du film. Le reste de la bande son est une suite de morceaux minimalistes mais à la puissance parfois bouleversante.
Interstellar n'est pas un film, c'est un une aventure totalement unique qui nous plonge tout au long de ses 2h49 au coeur de l'espace, nous questionnant sur notre propre existence et nos certitudes sur le monde qui nous entoure, d'une manière encore jamais abordée au cinéma. Il s'agit sans aucun doute du film le plus abouti de la carrière de Christopher Nolan et le blockbuster le plus intelligent de la décennie. Chef-d'oeuvre ? J'ai envie de dire oui !