Une oeuvre qui devrait, à termes, marquer son temps...
Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'Interstellar est l'une des plus grosses attentes de cette année 2014. Les profanes se seront probablement grattés la tête en visionnant les bande-annonces dispos sur la toile, les avertis, eux, auront fiévreusement attendu la prochaine oeuvre de l'un des messies actuels du cinéma moderne : Christopher Nolan. Pour ceux que cela intéresse, j'ai récemment consacré un petit topic le concernant, à visionner sur ma page.
Ayant déjà largement évoqué ce talentueux metteur en scène sur ce site, je ne reviendrai pas sur lui en détails aujourd'hui. Notez simplement, si vous ne passez pas par le dossier spécial qui lui est dédié, qu'il est le papa, notamment, des trois derniers Batman, du thriller "Insomnia" et du mystique "Inception". Nombreux sont ceux, donc, qui attendaient son nouveau film avec un engouement certain...
Je préfère vous le dire d'emblée. Je vais certainement avoir du mal à retranscrire par écrit la foule d'émotions que j'ai pu ressentir ou par laquelle j'ai pu passées tout au long de ces (presque) trois heures. "Interstellar" se visionne comme un voyage initiatique et mystérieux, en quête de l'inconnu avec un grand i. Et il ne s'agit pas seulement d'espace. Il est aussi question d'explorer cette part inconnue de nous, celle qui peut nous pousser en avant, nous obliger à nous dépasser une fois contraint, au pied du mur...
Une odyssée spatiale qui ne peut laisser de marbre...
Avant toute chose, un avertissement : le genre employé par le film est communément appelé "hard science-fiction". Ce qui signifie, en d'autres termes, qu'on n'est pas DU TOUT devant un "Star Wars", "Edge of Tomorrow" ou "la planète des singes". "Interstellar" emprunte d'autres codes, ancrés dans la réalité scientifique de l'astrophysique moderne, ou du moins ce que nous en savons. De fait, il se montre plus difficile à saisir que la moyenne des films du genre, non pas par sa complexité scénaristique comme ce put être le cas pour "Inception", mais plutôt par la trame explicative énoncée par les personnages et l'histoire au fil de l'intrigue. Il n'est ainsi pas rare d'assister à des dialogues riches en termes techniques plutôt compliqués, auxquels on peut parfois avoir du mal à rester accroché.
Ceci étant, il y a deux façons d'aborder ce film : soit on peut tenter de rester connecté au sens logique donné à l'histoire, ce qui nécessite d'avoir un tant soi peu de connaissances en astrophysique, et notamment sur des sujets évoqués tels que la physique quantique, la relativité, l'attraction, et j'en passe...
La seconde façon d'aborder le film, qui sera certainement la plus répandue, sera de savoir lâcher prise et de ressentir l'oeuvre à travers la gamme très variée de sensations, physiques et psychiques, que le metteur en scène nous offre au travers de décors spatiaux froids et dépouillés, d'une bande-son ultra immersive, et d'une épopée spatiale succédant dignement (pour moi) à "2001 : l'odyssée de l'espace" de Stanley Kubrick.
A l'aide de ses propres codes, d'une vision unique et personnelle, Nolan parvient une fois encore à nous étonner, et même à nous faire voyager. Mais ne croyez pas que lorsque je vous parle de voyage, cela est synonyme de liberté et de grands espaces). Non. Ici, c'est le froid et l'immensité du vide spatial, la solitude, le doute, le vide absolu. En vous prenant au jeu, vous vous surprendrez à ressentir une sorte de tiraillement, comme une boule de stress au milieu du ventre, comme celle que l'on peut ressentir lorsque l'on se retrouve enfermé dans un espace clos. Oui, c'est bien de claustrophobie dont je parle. Nolan a parfaitement saisi, comme l'avait fait Alfonso Cuaron dans son spectaculaire "Gravity", la notion de vide interstellaire. Impossible de ne pas succomber en même temps que les comédiens à cette terreur. La terreur du point de non retour.
Ceux qui, comme moi, ont aimé "Inception" à sa juste valeur, reconnaitront plusieurs similitudes de mise en scène et même d'intrigue dans "Interstellar". Similitudes que je ne détaillerai pas ici sous peine de devoir lancer quelques spoils. Et je ne tiens pas à m'attirer les foudres de certains. Sachez seulement que les fans sauront parfaitement s'y retrouver. Un fil conducteur identique : celui de se laisser promener, sans trop savoir où l'on va ou comment, jusqu'au dénouement final qui vous frappe d'un coup sec à l'estomac en vous laissant sur le carreau.
Là encore, Nolan a su s'entourer d'une troupe de magnifiques comédiens, avec en tête, un Matthew McConaughey que l'on retrouve avec plaisir après sa prestation géniale dans la série "True detective". Il est accompagné de Mickael Caine, Anne Hattaway, l'un jouant Alfred Pennyworth et l'autre Selina Kyle (Catwoman) dans la trilogie Batman.Vous remarquerez également la présence d'autres acteurs de talent ça et là (je vous laisse la surprise). A cette prestation globale s'ajoute une mise en scène délectable en tous points, avec quelques longueurs qui trouvent pourtant toujours leur place dans le film. Presque Trois heures. Cela pourra paraître long pour certains vu le rythme choisi. Et pourtant... C'est bien d'une course contre la montre qu'il s'agit. Mais une course contre la montre démunie de tout repère temporel ou spatial, au point que l'on se perd indubitablement dans les courbes de l'intrigue. Une volonté certaine de Nolan qui, comme dans Inception, ne cesse de surprendre par ses choix. Sans oublier que visuellement, on n'est pas en reste. Interstellar se pose là en matière de grand spectacle (surtout si comme moi, vous avez la chance de le voir en imax).
CONCLUSION :
Interstellar ne plaira pas à tout le monde car il ne se destine pas forcément au grand public. Il n'est pas si facile d'accès, mais démontre d'indéniables qualités de narration qui parviennent à relativement simplifier un contexte scientifique difficile à cerner (la relativité, la courbure de l'espace-temps,...).
Alors pour agrémenter son oeuvre et la rendre plus humaine, Christopher Nolan a joué d'autres cartes, en misant sur un casting talentueux et convaincant, et en travaillant sur les conséquences d'un tel voyage pour l'Homme, le faisant ainsi évoluer dans un univers si froid et dépourvu de frontières qu'il vous étouffe et vous prend au tripes.
Grâce à tout cela, Nolan trouve le ton juste pour faire de cette odyssée spatiale un véritable voyage philosophique spectaculaire, doté d'une conclusion magistrale et surprenante, laquelle devrait, à moins que vous ne soyez un éternel blasé, faire valser votre petit coeur de cinéphile comme elle a fait valser le mien. Indispensable !
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