Je sors de la salle, j'écris une critique à chaud. Les lumières se rallument et je sors de mon immersion, de ma capsule. Un court instant je me sens réconciliée avec la science, que je considérais froide et j'ai une brusque envie de balancer mes bouquins de sciences économiques et sociales et de regarder plus près et de voir plus loin. Les longues minutes pour allumer mon ordinateur me rappellent celles à travers le vaisseau et j'ai peur de perdre mon engouement si j'attends, de perdre l'envie, peur d'être réaliste envers ce film, d'aborder tous ses aspects, mais sa musique raisonne en moi. Je ne veux pas lire les autres critiques, je ne veux pas voir, je suis obstinée.

Je voudrais à nouveau toucher les couches d'espace-temps rétractées et rêver. Pendant que les autres passaient deux heures et quarante-neuf minutes je n'ai vieillie que de cinquante secondes et j'ai traversé plus d'espace que celui qui ne l'a pas désiré. J'ai voyagé dans mon esprit et je me suis retrouvée.
Je sais que je ne suis ni objective, ni raisonnable parce qu'au fond les conditions de visionnage m'étaient plutôt favorables. Pourtant, qui peut dire que Nolan n'a pas réalisé un film travaillé, soigné, envoûtant ? Deux fois il nous met une grosse claque, nous sert sa vision de la science et de la philosophie, nous fait réfléchir et rêver comme jamais, l'une avec Inception, l'autre avec Interstellar.
Ce film n'est pas fait pour plaire, l'action est choisie et parfois on a peur, parfois on se sent seul, mais jamais nous ne pouvons nous ennuyer. Matthew McConaughey est particulièrement magnétique. Le reste du casting est tout aussi exceptionnel. Je voulais être émue et je n'ai pas été déçue. Cooper suit sa passion, son devoir, il évolue, ses enfants aussi et tout ça sous une horde de sentiments profondément humains et de sacrifices. Vivre l'instant et mourir plus tard ou condamner l'instant et vivre éternellement ?

Nous découvrons au fur et à mesure nous mêmes les prémices de la fin et d'ordinaire je dirai que ceci gâche le film, mais pas ici.

Pas de dates, pas de lieux, juste du temps qui s'écoule dans un espace.

Mais j'arrête d'écrire, mon casque semble s'être fissuré.
Eärwen
9
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le 14 nov. 2014

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Eärwen

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