La transcendance de Nolan
Si vous n'avez pas vu le film, ne lisez pas !!
Je n’avais vu que la première bande d’annonce, celle qui ne montre presque pas d’images du film et j’ai tout de suite accroché à l’état d’esprit.
Et ça n’a pas raté, j’ai adoré. Le film nous transporte vraiment ailleurs, le visuel est incroyable et contrairement à Gravity l’histoire est prenante. N’étant pas un grand fan de science fiction, j’avais un peu d’appréhension, mais dès les premières minutes c’est vite passé.
Au niveau de la réalisation, c’est soigné, les plans sont vraiment beaux, le montage est cohérent. Des le début, la scène de la poursuite du drone nous fait rentrer dans le film avec le thème magnifique « cornfield chase ». Les différents dialogues au début du film place le contexte post-apocalyptique sans artifice. Certaines scènes sont vraiment magnifiques, la vague d’un point de vue esthétique, le retour sur l’endurance après les 23 ans d’un point de vue émotionnel. D’autres beaucoup plus angoissantes comme le renversement de situation sur la planète de Mann et l’arrimage de celui ci « Do not attempt docking » et la scène qui suit qui est un bonheur pour les yeux et les oreilles.
Le climax est adroit, Nolan nous explique le tout et nous accompagne à sa fin qui soulève un questionnement intéressant malgré l’illusion d’happy ending.
Le casting est excellent, le choix de Matthew Mcconaughey est parfait pour ce rôle, je l’avais découvert dans Mud qui est le film qui a donné envie à Nolan de prendre Matthew. Autre très bonne performance, de la petite Mackenzie Foy (Murph) qui est très convaincante malgré son jeune âge. Le reste est toujours au niveau, Anne Hathaway, Michael Caine pour la 6eme fois avec Nolan, et Matt Damon qui était la surprise du chef.
D’un point de vue scénaristique le film n’est pas très complexe, Coop quitte la terre pour sauver l’humanité et ces enfants, la relation père fille et l’amour sont la clef du film. C’est ce qui a du décevoir beaucoup de monde. Les gens en attendaient un peu plus, et c’est l’inconvénient majeur du film. Il se dit scientifiquement réalisable, du moins c’est le ressentis que l’on a (la promotion avec le travail de Kip Thorne). Le film est très prétentieux, il s’avance sur certaines théories de physique quantique qui sont déjà contestées notamment la théorie de la relativité de Monsieur Einstein. Certains physiciens affirme que le trou de vers est un phénomène possible mais pas dans la manière ou le film le décrit. Mais c’est ce qui est génial avec Nolan, de raccrocher l’impossible ou devrais-je dire l’inconnu, à la réalité. Je pense qu’il faut le voir plus comme une base et non comme solution. Utiliser la science comme base est excellent, le visuel du trou noir est impressionnant et donne beaucoup plus de crédibilité au film.
Evidemment il y a des incohérences, le fait qu’il puisse rentrer dans le trou noir et rester vivant est impossible mais c’est la que Nolan intervient avec son interprétation, on arrive dans l’inconnu du coup il s’arrête et nous créer la chambre de Murph. J’ai trouvé cette idée vraiment excellente.
Il y a également plein de références à ses prédécesseurs, on retrouve des images à la Solaris, de très beau plans contemplatifs de l’espace, des plans rappellent très clairement L’Étoffe des héros, et évidemment 2001 avec les robots TARS et CASE en forme de monolithe. Il y a également beaucoup de similarités avec le film de Robert Zemeckis Contact ou Matthew Mcconaughey était déjà présent. Il y a également la présence du poème de Dylan Thomas « Do not go gentle into that good night » qui est vraiment bien associé au trou noir, le rapprochement est intéressant.
Venons en à la musique, j’était déjà fan de Hans Zimmer mais la, c'est énorme. Qu’est ce qu’ils nous a fait ??? Si j’ai adoré le film c’est aussi grâce à ce Monsieur, et dire qu’il n’a même pas eu le scenario pour composer. Le choix de l’orgue n’a pas été fait au hasard et serait le choix de Nolan, l’instrument symbolise la grandeur, l’humanité et donne un coté mystique. Le film est clairement humaniste, il ne nie pas le mystique mais n’en parle pas non plus, d’où l’orgue qui apporte cette touche religieuse.
Pour conclure, Interstellar est de loin mon film préféré de 2014 et de Christopher Nolan, mais je comprends qu’il n’ait pas fait l’unanimité pour les raisons que j’ai citées. En effet en tant que fan de Spielberg, Nolan veut réaliser des films universels s’adressant à la famille malheureusement si l’ambition est là ce type de réalisation et cette tonalité prétentieuse renferme la cible à un public de cinéphiles et exclu ainsi les détracteurs du style Nolan ou les éternels conservateurs qui crieront à la redite de 2001.
