Traumatisant pour un père divorcé qui ne voit sa fille que trop rarement, Interstellar m'a plusieurs fois tiré des larmes, tant la détresse émotionnelle des protagonistes y est palpable. McConaughey y est au sommet de son art* et Anne Hathaway réussit même à convaincre.
On ne voit pas autant de scènes dans l'espace qu'on le voudrait, mais certaines, sans atteindre la virtuosité de Gravity, sont vraiment originales et bluffantes.
Interstellar a plusieurs fils conducteurs. Le principal étant le parallèle constant entre deux forces, la gravitation et l'amour des siens, qui n'en forment peut-être qu'une seule. Le second est la loi de Murphy, qui veut que ce soit toujours le pire qui arrive (contrairement à ce que pense Cooper). Or la fille de Cooper se prénomme Murphy et se fait charrier par son frère à ce sujet. (Pourtant, elle jouera un rôle clé dans la sauvegarde de l'espèce humaine!) Chaque fois qu'un personnage fait un choix, c'est le mauvais... Il y a sûrement d'autres clés, c'est ce qu'il y a de bien avec les films de Nolan. Comme les clins d'oeil à 2001 (y compris la musique) et les références constantes aux travaux de Stephen Hawking (très à la mode ces temps-ci).
Malgré l'ambiance aussi plombée qu'un trou noir et les invraisemblances éhontées, les moments jubilatoires ne manquent pas, à commencer par les interventions de TARS et CASE, robots à l'esthétique originale (des blocs de métal plus souples que Nadia Comaneci) et à l'humour potache; la vraisemblance des scènes spatiales, le design des planètes, la représentation d'un espace en 5 dimensions... La scène où Cooper casse les profs de ses enfants (je ne m'en lasse pas, tellement c'est jouissif!)... De belles trouvailles.
Toutefois, comme beaucoup, je me demande si une version plus courte n'aurait pas été plus punchée.
* Révision du 2015-04-01: Ça fait 3 fois que je revois Interstellar, et entre-temps je me suis farci la filmo presque complète de McConaughey (de Dazed and Confused à True Detective). Quand j'écris "au sommet de son art", j'exagère un peu. En fait, d'un film à l'autre, McConaughey use et abuse de ses gimmicks (ça vaudrait un article de fond, d'ailleurs). Son accent traînant du Sud, son regard perdu, son éternel blouson Carhartt, sa conduite nonchalante (la main gauche en haut du volant et le tronc penché vers la droite) telle qu'on la voit dans tous ses films (et dans les pubs télé pour les bagnoles Lincoln -mdr !)... Mais bon, il est excellent, fascinant, et on l'aime comme ça, Matthew.
Cela dit, les meilleurs personnages d'Interstellar, ce sont les robots. Ceux-là sont plus honnêtes et plus humains que n'importe quel politicien !