Grand retour de Christopher Nolan, un maître du "blockbuster intelligent" qui fait toujours du bien dans cette production de films d'action tout publics aussi intéressant qu'un parcmètre le dimanche. Un nouveau film de Nolan est toujours un réjouissement car on passe toujours un bon moment tout en réfléchissant un peu. Interstellar ne déroge pas à la règle et mérite même une seconde lecture pour être sur de ses impressions.
Très rapidement, le contexte est posé. La Terre est vouée à la destruction. Nous sommes dans un futur proche et le monde est diablement peuplé d'ingénieurs mais manque d'agriculteurs. De toute façon, plus rien ne pousse avec toute la pollution humaine. Exagéré ? Oui et non. Mais ce n'est pas la question. On suit Cooper, ancien pilote, parmi les derniers à croire au pas d'Armstrong sur la Lune en 1969. Il est devenu agriculteur et élève tant bien que mal ses enfants dans un monde sans réel avenir. Lui et sa fille, curieux comme des Castors Junior, tombent alors sur une base secrète grâce à de mystérieuses informations données plus tôt. Ainsi commence le voyage nécessaire de Cooper à la recherche d'un nouveau monde et ainsi faire renaître l'espoir d'une survie de l'espèce humaine. La réelle science fiction commence ici et lance aussi une nouvelle phase émotionnelle : le détachement et la destruction progressive de l'espoir.
Secondés par des chercheurs et théoriciens en astrophysique tel que Kip Thorne (merci wikipédia), Christopher et Jonathan Nolan ont tenté de comprendre et de décrire au mieux l'effet d'un trou noir et la possibilité d'un tel voyage. N'étant pas un savant en la matière, plusieurs éléments me choquent. Comme un vaisseau peut-il résister à un passage dans un trou noir ? Il est question de 4e et de 5e dimension, l'appareil devrait alors se disloquer et être réduit en charpies. De plus, les personnages visitent deux planètes différentes avec des gravités équivalentes, par contre l'une d'elle se trouve être avec une temporalité bien différente de l'autre alors qu'elles ont le même astre. Quand je dis différent, c'est que les impacts sont énormes sur l'une d'elle et l'autre non. C'est dommage car le traitement du dommage temporel est très intéressant dans cette histoire. Je n'évoque pas la dernière heure du film qui est discutable dans son approche. Mais toutes les questions astrophysiques que l'on essaye de se poser et de résoudre sont alors noyer dans des dialogues interminables et souvent indigestes qui gâchent un peu le plaisir, tout en donnant le tournis.
Ce qui est le mieux réussi -et c'est paradoxal- ce sont les moments plus terre à terre. Là où on a un référentiel. Matthew McConaughey est une nouvelle fois transcendant. Il parvient à nous faire passer par toutes les émotions avec son personnage mi-tête brûlée, mi-astronaute de génie. Son jeu et l'écriture de Cooper nous font finalement comprendre que c'est un film sur la famille et non forcément un film qui se veut véridique ou nécessairement crédible. Tout comme Jessica Chastain en duo avec Michael Caine, qui se révèlent tout aussi émouvant dans le recherche d'une porte de sortie pour l'Humanité et leur besoin de réponse. Je ne pourrais dire la même chose d'Anne Hathaway qui se montre beaucoup plus fade avec son personnage écrit de cette façon. Elle devient très vite anecdotique malgré son temps de présence. Attendez-vous aussi à une surprise au casting.
Des images magnifiques et tourbillonnantes au même titre que la musique d'Hans Zimmer, des acteurs dont un au sommet et cette cuite astrophysique imprévue. Voilà le cocktail détonnant d'Interstellar (à des années lumière de 2001 : l'Odyssée de l'espace et loin de Gravity), nouveau métrage de Christopher Nolan qui risque plus de diviser l'Humanité plutôt que de la faire décoller.
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