Il n'est pas aisé de juger Interstellar. Comme toujours avec Christopher Nolan, il y a du bon et du moins bon. Celui qui est devenu, depuis la trilogie Dark Knight, le maître des blockbusters inquiétants et ambitieux, montre une nouvelle fois qu'il est difficile d'être à la fois impressionnant et intelligent.
Interstellar a de la gueule, c'est le moins que l'on puisse dire. Visuellement grandiose, il prouve que la bonne vieille pellicule a encore de l'avenir. Grand compositeur d'image, Nolan sait impressionner grâce à des scènes d'une tension admirable. Il y a de quoi être fasciné devant ce voyage dans l'espace-temps, qui, à la manière du Gravity de Cuaron, nous emmène dans un milieu hors-normes, remarquablement réaliste. Qui pourra rester insensible face à cette image quasi-parfaite du trou noir "Garguantua", réalisée avec les données du physicien Kip Thorne ? De surcroît, la musique d'Hans Zimmer en impose une fois encore, alors même qu'il l'a composée sans avoir vu le film !
Cependant, s'il n'y a rien à reprocher sur la forme, c'est le fond qui laisse à désirer. Nolan, qui a l'habitude de traiter des diverses formes de réalités avec la mémoire dans Memento, les hallucinations dans Insomnia, la magie dans Le Prestige ou les rêves dans Inception, s'emploie ici à jouer sur le temps et la relativité. Malheureusement il ne va pas assez loin. Les 23 années de Romilly, seul à bord d'Endurance, auraient été splendides à traiter. Mais il se refuse à le faire. Les personnages sont assez superficiels sauf, bizarement, les robots Tars et Case, et les noeuds dramatiques, comme cette relation père-fille proche de celle du Contact de Zemeckis, sont bien trop classiques. Que dire également de ces "héros" qui passent leur temps à pleurer ? On a presque l'impression que Nolan réalise une tire-larmes. Pour terminer, il nous livre une fin objectivement honteuse, à des années lumières de ce que le film promettait.
Interstellar est finalement un excellent spectacle, digne de Gravity, mais une expérience cinématographique bien moins stimulante que celle d'un 2001 : l'Odyssée de l'espace.
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