Me décidant enfin à voir ce film dont tout le monde parle, j'ai été pour le moins surpris car je ne m'attendais pas du tout à ça. En effet le synopsis était un peu vague... Dans un futur proche, une bande d'aventuriers intrépides se lancent à corps perdus dans l'infini dans le but de découvrir une planète habitable pour l'Humanité en déclin... Rien de bien original.
En fait, Interstellar m'est apparu comme un film très réaliste. Déjà, la fin proche de la Terre est bien plus plausible, à travers une habile narration qui nous adresse directement un message sur les conséquences dramatiques que le réchauffement climatique pourrait avoir à terme. Le manque de nourriture, la chaleur, la poussière mise en relation dans le film avec le véritable "Dust Bowl" américain. Par ailleurs, les personnages adultes du film ont visiblement été des contemporrains de notre époque : "On était 6 milliards et pas un ne voulait se priver de quoi que ce soit".
Le récit frise même la mise en place d'une société dystopique où le savoir est relégué au second plan devant les besoins essentiels de l'Humanité, comme le montre la scène où Murphy est accusée par son enseignante de corrompre ses camarades en leur affirmant que l'Homme a marché sur la Lune (ce qui n'était pour elle qu'une propagande efficace mais qui a engendré une course à la technologie provoquant le début de la fin pour la terre). Le frère de Murphy se fait lui écarter du chemin de la fac et invité à travailler dans l'agriculture, métier de la plus haute importance en ces temps troublés.
En fait, tout ce qui relève de l'inutile semble avoir disparu dans cette vision de Nolan, il ne reste plus que les humains, leurs maisons et les champs de maïs. Les hauts grattes-ciels américains ont disparu, les loisirs semblent rares, et même la prestigieuse équipe des Yankees de New-York se résume maintenant à une équipe d'amateurs.
Tout a disparu? Non, une cellule secrète de la Nasa résiste encore secrètement à l'envahisseur. Ayant calculé la fin du monde pour bientôt, ils ont déjà envoyé douze courageux volontaires explorer douze planètes situées à des années lumières de là. Comment? De mystérieux êtres ont altruistement placé "un trou de ver" près de la Terre, ce qui leur permet de parcourir une distance infernale jusqu'à ces planètes. Or, le moment est venu pour la NASA d'envoyer un vaisseau spatial constater les résultats de cette recherche, afin d'évaluer quelle planète sera la plus vivable pour les humains...
Je n'en dis pas plus, mais cette expédition spatiale est traité à merveille par ce génie qu'est Nolan. Le casting fait rêver et Matthew McConaughey signe ici l'une de ses meilleures prestations. Les personnages sont placés dans des situations extrêmes qui fait ressortir le meilleur ou le pire d'eux mêmes. Ils vivent ce que personne n'a jamais vécu et doivent prendre des décisions aux conséquences lourdes.
En nous emmenant aux limites de l'espace temps, Nolan nous montre à quel point nous sommes petits, mais aussi combien la volonté des humains est grande. Bien que le jargon spatial ne soit pas toujours très clair, l'immensité retranscrise par le réalisateur, l'importance de chaque action, chaque seconde prend tout son sens et m'a personnellement terrifié.
D'autres part, le film est d'une beauté esthétique semblable à celle de Gravity, les images sont à couper le souffle et le silence absolu qui règne lors des scènes d'explosion fait un bien fou aux oreilles. La musique qui est la même dans l'espace ou sur Terre renforce l'aspect dramatique du récit.
Projet pharaonique d'un cinéaste qui n'a plus besoin de faire ses preuves ,Interstellar est un hommages aux films de science-fiction qui ont bercé l'enfance du réalisateur comme Star Wars ; et impossible de ne pas dresser un petit parallèle avec le chef-d'oeuvre de Kubrick, dont le clin d'oeil le plus évident reste le robot TARS rappelle à la fois les monolythes extra-terrestres de 1968 et le robot HAL.