"Pour ne plus se laisser contaminer par la civilisation, il fuit, et il marche seul, pour revenir à l'état sauvage."


Je redécouvre le film Into the Wild sans en avoir ouvert l'ouvrage auquel il s'en réfère. L'émotion n'en a été que plus grande. Sean Penn, loin des box offices Hollywoodien signe son cinquième film d'une grande finesse, accompagné par le grand Eddie Vedder, dont les notes nous bercent et nous accompagnent tout le long de ce road movie.


A l'image du philosophe Thoreau dont McCandless nous conte quelques phrases en off, ce jeune diplômé choisi la nature à l'abondance, l'état sauvage à la civilisation, qu'il exècre en abandonnant toute vie sociale et tout matériel superflus. A travers les magnifiques plans large de nature, Sean Penn ne se contente pas de peindre un aventurier : il sait aussi le rendre sensible et identifiable, ce qui constituait clairement un pari difficile à réaliser tant le piège du hérosquiatoutvuettoutfait est tentant.


C'est à travers les gros plans face que l'on a envie de suivre McCandless à travers l'Alaska, qu'on a envie d'enfiler nos bottes. Ses yeux brillants d'espoir, pétillants de liberté et avides d'adrénaline nous font frissonner de plaisir. J'avoue avoir toujours été touchée par les échanges de regard au cinéma comme au théâtre. C'est ce qui fait vivre l'acteur, ce qui crée un vrai lien entre spectateur et acteur, quelque chose qui autant fort qu'éphémère. Ici, on sent cette humanité dans la caméra que dirige Sean Penn.


Mais !


Quoi, t'as cru que c'était un sans faute ?


Je me dois de nuancer mes louanges. Into the Wild est trop long. Ce périple dans lequel nous sommes immergé ne nous transporte plus lorsque Sean Penn nous a dépeint pendant une heure le mode de vie de McCandless dans la nature. Les autres protagonistes sont capitaux dans le déroulement du film, mais il manque une vraie évolution dans le scénario, si bien que l'ennui ne tarde pas à s'installer.


Loin d'être un modèle de réalisation ou de scénario à bien des égards, Into the wild représente un de ces films trop rares et nécessaires au contre-Hollywoord ambiant dans nos cinémas. Il est pour moi un véritable message d'espoir, ce qui n'est absolument pas paradoxal avec la fin - tragique - du film. Certains y verront l'échec d'un mode de vie alternatif et résistant. Pour ma part, j'y ai vu la lâcheté de s'exiler en autarcie. Le visionnage de ce film à mon adolescence coïncide avec l'époque où j'ai compris que toute résistance solitaire était vaine, et qu'il fallait irrémédiablement faire l'effort de lutter collectivement.

Rachel_Youya
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le 20 mai 2013

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Rachel Youya

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