La mutante 2. Sans les monstres et sans le gore.

L’invasion des profanateurs de sépulture est un véritable phénomène, qui en se fixant sur une idée de paranoïa assez hallucinante parvenait à susciter de la peur en filmant une simple foule. Autant dire que le procédé en a inspiré plus d’un, comme Rand Ravich, qui fait son body snatchers dans son coin avec deux stars de poids : Johnny Depp et Charlize Theron. De bonnes intentions qui ne payent pas toujours, hélas.


Si le pitch nous promet un certain suspense, il faudra prendre son mal en patience avec ce film d’une réalisation assez molle. En effet, si le début réussit intelligemment à gérer l’évènement, la suite met beaucoup de temps à démarrer, à montrer des trucs bizarres. Le comble revient à l’utilisation du poste radio. Un soir, Jilian voit son mari écouter un truc bizarre à la radio, un prétexte qui nous obligera par la suite à voir plusieurs plans de cette même radio avec une musique stressante sans que rien d’autre ne vienne le justifier (elle marche normalement). Ce n’est qu’après 50 minutes qu’arrive enfin le black parano qui lui expose toute sa théorie sur son mari. La scène est pour le coup intelligemment faite, tournée sur un manège qui accentue la sensation de vertige. Mais si le climat de suspicion commence à s’étoffer, le film ne s’imposera jamais de suivre un rythme. Le récit s’enchaînera donc mollement, chacun y allant de son « je te surveille, tu me surveilles » pendant un temps assez long. Il y avait des idées qui auraient pu changer la donne, comme le coup des jumeaux de nature extra terrestres. Mais cette piste ne servira qu’à explorer la prévisible voie du suicide, loin du concept d’avortement qui semblait clairement le plus indiqué. Cet aiguillage vers le suicide est vain, surtout quand on constate qu’il ne sert finalement à rien. A vrai dire, on peine clairement à stresser, la plupart des incursions horrorifique étant dédramatisées sous forme de rêves. Bref, on s’ennuie jusqu’à un final sympathique mais guère réaliste, où l’on verra enfin le visage de la créature, qui ressemble à un procariote numérique. Tout ça pour conclure sur quelque chose de pessimiste, comme dans Body Snatchers, mais à une échelle bien moindre en terme d’ampleur. Finalement, Intrusion est un film fantastique dans la lignée d’Invasion, paresseux et inutile (tout propos politique ou social est évacué). Un petit gâchis.

Voracinéphile
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le 15 déc. 2015

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