Iron Man 3 par Remy Pignatiello
Oui non, ça n'a plus rien à voir là.
On se paluche sur le graaaannndd retour de Shane Black, mais visiblement, y a des gens qui ont oublié de lui dire sur quel film il travaillait.
"Iron Man, Shane, Iron Man. Tu sais, le milliardaire avec une armure. Oui, une PUTAIN D'ARMURE ! Non, Shane, pas L'arme fatale 5. Non, non. Bon, OK, après celui ci qui va, de toute manière, nous rapporter une fortune sans rien avoir à faire, juste comme ça, on le sort et boum, du pognon."
Voilà.
Shane Black se croit dans L'arme fatale 5, et se sent obligé de nous faire un buddy movie au lieu d'Iron Man 3.
Mieux que ça : il fait DEUX (!) buddy movies en un. Dont un avec un gosse (parce que c'est rigolo) et un avec un black (ça lui rappelle des souvenirs).
Sauf qu'on en a rien à foutre, vu qu'on est venus voir Iron Man 3.
Alors Shane nous balance du Downey Jr partout, de la voix off, du côté un peu dark genre "ouh là là les démons de Tony reviennent" avec Downey Jr qui halète pour nous faire croire à des crises de panique (alors que, soyons honnêtes, entre sa tronche et celle du script, c'est le spectateur qui ventile dans la salle, surtout que les crises de panique virent rapidement au running gag aberrant), un grand méchant réaliste et ancré dans la réalité vraie du terrorisme aux USA, sans compter le coda final tout pourri et absolument involontairement hilarant.
Sauf que, donc, toujours pas de Iron Man.
On pourrait penser que j'exagère. Ce serait oublier l'obsession du film à ridiculiser chacune des transformations du milliardaire en armure volante. C'est bien simple : c'est systématique au point où on finit par avoir l'impression qu'on nous le fourre dans la tête à coup de barre à mine : "Tony n'est rien sans ses jouets, gna gna gna".
Osef. J'ai pas payé 8€ pour voir Tony Stark et James Rhodes buter des mecs qui crèvent quand ça arrange les scénaristes avec un 9mm chacun.
Ca, c'est pour mettre bien dans le contexte : vous allez voir Iron Man 3, le film où Stark n'arrive jamais à enfiler une armure et fait donc 95% du film sans, y compris des scènes d'action maousses, mais sans aucune intensité (et côté suspense, j'en parle même pas, alors que Black se paie le culot de nous foutre un faux suspense pourri durant le climax, suspense qu'il n'est même pas capable de mettre en scène avec une quelconque intensité). Alors soit Robert Downey Jr a fait sa diva en se rendant compte au bout de 2 films que sa tronche était trop souvent planquée derrière le costume (p'tain, l'épiphanie), soit Black a décidé de trucidé lui même le film en faisant copieusement en sorte que Stark soit le moins souvent en armure. Dans les 2 cas, il faut bien avouer que le film en sort complètement détruit.
Reste quoi ? Restent les méchants (parce que les seconds couteaux sont tellement accessoires qu'il vaut passer sous silence le chiard über chiant, Favreau qui se fait gentiment dégager du script par une petite pirouette au bout de 20 min, Paltrow qui fait ce qu'elle peut avec un perso que plus personne ne sait emmener quelque part et Cheadle qui fait ce qu'il peut en sidekick de Stark "qui-a-les-mêmes-punchlines-mais-qui-n'est-que-le-sidekick-quand-même"). Qui se font violer comme Belluci dans Irréversible.
Faudrait que je relise Extremis, mais j'ai du mal à voir comment on part du virus qui manque de détruire les armures d'Iron Man et en font plus ou moins un tueur à l'insu de son plein gré, à Guy Pearce qui lance des flammes comme un dragon.
Mais évidemment, comment passer outre le délire complet qu'est le Mandarin, seul truc potable de la 1ere moitié du film, juste avant que, sans raison, ou alors bien bourrés, certains se sont dit "tiens, et si on allait en faire un truc complètement débile ?"
On a qu'à violer le grand méchant juste pour faire un twist pourri, tiens ! Le tout avec un sous-texte puant (Ben Laden n'était qu'un épouvantail permettant aux marchands d'armes gouvernementaux d'être pépère). On peut se demander comment Disney et Marvel ont pu laisser passer un viol pareil.
Que reste-il du coup d'Iron Man 3 ?
Une poignée de punch lines qui font toujours autant mouche, quelques grosses scènes de baston bien bourrines, mais surtout dotées de chorégraphies sympas dans les combats mano-y-mano, pour un film qui se regarde pas trop mal, mais avec un facepalm toutes les 3 minutes.
Et c'est tout, hormis un sentiment de gâchis, faute à avoir mis là un mec qui, visiblement, ne sait strictement pas quoi faire. Et du coup ne fait rien, ou du moins, rien de ce qu'il aurait du faire. En même temps, le générique annonce la couleur : un film qui démarre sur Blue d'Eiffel 65 est rarement bon signe.