Il y a quelque chose qui clochera toujours dans Le cerveau, probablement parce qu'il pointe péniblement à 1h54.

C'est bien dommage, car il y a une certaine hystérie souvent hilarante, avec une troupe d'acteurs dont on ne sait réellement qui est le plus intéressant, le plus amusant.
Il y a évidemment Bourvil, mais dans un style habituel, routinier, et donc peu surprenant, et pas forcément le plus amusant. Il y a Bébel, au sommet de sa forme, doté d'un personnage à l'écriture fine au niveau du timing du rire, plein de bons mots et de gouaille.

Mais il y a aussi une poignée de seconds couteaux ne déméritant pas. Eli Wallach n'est pas forcément le mieux employé, la faute à un personnage lourd et balourd, mono dimensionnel et surtout rapidement lassant. Si on peut rire un moment de son rôle de macho protecteur, quelque part autour du caïd gauche comme pas permis, cela finit par s'effriter assez vite. Qui plus est, le moteur féminin du film est d'un inintérêt certain, sorte de jolie plante sans grande utilité ou personnalité.

Mais la vraie surprise, c'est un David Niven qui semble s'amuser comme un petit fou, complètement à contre emploi, décalé mais sobre comme un Monty Python, sorte de John Cleese perdu à Paris transformant le film en folie furieuse, et volant le film à lui seul. Il faut le voir faire sa présentation animée, courir après ses sacs d'argent, ou balancer des feux d'artifices à la tronche de Wallach. Son enthousiasme de grand enfant est extrêmement communicatif et illumine indéniablement le film.

Oury semble avoir bien compris ça, et se garde bien de mettre Niven trop en retrait, et c'est probablement la force (mais aussi la faiblesse) du film : réussir bon gré mal gré à entre-croiser 3 lignes narratives. Le souci, c'est le manque de sens du rythme et de cohésion dans cette narration parallèle, certains passages étant bien moins intéressants, bien moins drôles que d'autres. De plus, Oury et Thompson n'étant pas Audiard, le film joue moins sur la truculence des dialogues que sur une comique de situation qui peut faire mouche, mais manque trop souvent sa cible. Aujourd'hui, on aura donc bien du mal à voir dans Le cerveau un équivalent des sommets de la comédie française "classique" comme la trilogie Lautner / Audiard / Ventura, ou le diptyque Bourvil / De Funès Le corniaud / La grande vadrouille.

Reste donc, cependant, une hystérie progressive qui fait du bien au film, et l'envoie progressivement vers quelque chose de fondamentalement fun et rigolard, qui plus est aidé par l'enthousiasme de Niven, et donne au film une 2nde partie bien plus enlevée et autrement moins oubliable.
Remy_Pignatiell
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le 20 oct. 2013

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