Comment parler d’Irréversible sans en ôter une part d’intérêt ? Véritable expérience cinématographique, Irréversible se vie, se ressent, comme le dit si bien Bellucci: “Y’à des choses qu’on peut pas expliquer, il faut le faire.” (en parlant de sexe). Certains vous en parleront comme d’un ovni cinématographique, d’autre tenteront de vous expliquer pourquoi ils n’ont supporté l’insoutenable, d’autre encore n’auront rien compris. Pour moi, Irréversible est une œuvre d’art parfaite où chaque sentiment est subtilement joué, où chaque scène est vécu de façon intense; vous n’en lâcherez pas une miette tellement ce film vous prendra au tripe et au cœur. Tout y est sublimé, le malheur, la haine, la violence, le sexe, l’amour, la beauté… chaque élément est mis en valeur par la réalisation parfaite, la bande-son électro-trance enivrante, la photographie oppressante, le cadrage chaotique, le jeu d’acteur sensationnel (coup de chapeau à V. Cassel pour ce rôle)… Bref Irréversible est dirigé d’une main de maître, ne laissant au spectateur plus qu’à tendre la joue pour prendre sa baffe.

Première minute du film: générique de fin. Beaucoup l’on tenté: faire défiler le générique au début d’un film, mais ce n’était qu’une blague facile pour capter l’attention du spectateur; pour Irréversible, c’est le concept: le film est monté à l’envers. Vous assistez donc à l’arrestation de Pierre et Marcus à la sortie d’une boite de nuit… La scène suivante vous transporte lors de l’entrée dans la boite, celle d’après montre la recherche de la boite etc... Connaissant la fin, le spectateur pense alors avoir les clés en mains pour comprendre plus facilement, mais bien au contraire, jamais un film n’a était aussi intrigant. Devant la violence du début du film, le spectateur, ébahi, est laissé pour compte, sans aucune explication, il devra attendre la fin de la scène afin de découvrir les raisons qui l’on déclenché. Le principe se répétant jusqu’à la fin “théorique”, le film devient par moment insoutenable pour le spectateur car rien n’est plus atroce que de ne pas savoir pourquoi.

A cette trame insoutenable s’ajoute une violence hors norme, sans faire couler des litres d’hémoglobine, sans artifices, les scènes sont crues, choquantes de précisions et atrocement mises en valeur par un cadrage immersif. Tel un acteur du film, le cadrage est en effet extrêmement important: il est les yeux du spectateur, les yeux malsains qui observe s’en agir l’irréversible cruauté, vous forçant à scruter, décidant de ce que vous verrez ou se que vous ne verrez pas. Tantôt insoutenable, tantôt magique, le film vous dirige d’un bout à l’autre, vous emportant dans une quête effrénée; les images volent, tourbillonnent inlassablement afin de vous perdre dans un mélange nauséabonde de couleurs, de lumière et de cris.

Passé la folie d’un début mémorable, le cadre se stabilise, non pas pour soulagé le spectateur, mais pour lui laisser enfin le temps de contempler la scène… Je pourrais vous dire quand l’insupportable s’arrête, quand la folie s’estompe, mais ça serais tuer le principe du film car n’est insupportable que se qui n’a pas de fin définie. Là est la virtuosité d’Irréversible: vous connaissez la fin, mais durant 1h30, vous espérez que ça s’arrête pour enfin savoir. Le film joue ainsi avec le temps, forçant le spectateur à l’impatience, à la précipitation en éveillant son intérêt comme jamais un film n’a réussi à le faire. Mais stop, je me tais, Irréversible devrait se regarder sans rien n’en savoir, ainsi la baffe que vous allez prendre fera bien plus d’effet. Je vous met juste l’eau à la bouche… Allez !! Allez prendre votre baffe, on en reparlera plus tard.
SlimGus
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le 1 nov. 2012

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Gaylord G

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