ИOƎ ƎST ИƎ DAИS UИ CHAOS ƎꓶꓭISꓤƎꓥƎꓤꓤI

Irréversible est l'œuvre d'un être profondément malade.
"Malade" est un euphémisme, car en réalité il faut être un sacré taré pour oser produire un tel objet cinématographique.

Quel est donc ce film qui a tant fait polémique au festival de Cannes en 2002 ?

Avant de commencer, j'aimerais préciser que je vais divulgâcher certaines scènes du métrage. Lisez ma critique seulement lorsque vous avez regardé le film en question.

Irréversible démarre et nous comprenons immédiatement que nous sommes face à quelque chose de jusqu'au-boutiste. En effet, les crédits apparaissent. Ils sont à l'envers et partent de haut en bas pour ensuite partir dans tous les sens.

Le spectateur est prévenu : vous allez vivre un enfer.

Mais Gaspar Noé va bien au delà, car l'enfer est un jeu d'enfant pour lui.

Irréversible est divisé en 3 parties bien précises : le chaos, transition vers le chaos, le bonheur. L'intrigue est volontairement inversée par Noé. En effet, plutôt que de faire un film convenu suivant le bon sens chronologique, il préfère l'inverser sortant ainsi d'un certain classicisme puisqu'il brise les conventions d'un scénario habituel. Ce concept lui permettra aussi d'appuyer la fatalité, appuyer le destin funeste et inéluctable de nos personnages. La fin joyeuse n'est donc qu'une illusion, car rationnellement le film est d'un désespoir inouïe.

Passé les crédits du film, le spectateur est plongé dans le pessimisme pur où la caméra suit un cheminement chaotique dans l'obscurité accompagné d'une légère musique au viol(on) qui finira vite par se dissiper laissant seulement un bruit blanc et un bruit aigu ressemblant à un ultrason sorti certainement des lampadaires, mais qui dans notre cas, symbolise quelque chose de funeste en l'occurrence ici un accident.

Les seuls sources de lumière sont ces espèces de lampadaire émettant une couleur jaunâtre et les phares des policiers indiquant que quelque chose de tragique est entrain de se produire.

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La caméra finit par débarquer chez quelqu'un qui est quasiment nue aux côtés d'une autre personne. La caméra poursuit toujours son cheminement bizarre. En émerge de ces personne des ondes extrêmement négatives et tristes.

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Ceux qui ont visionné le premier film de Noé savent qu'il s'agit du Boucher Philippe Nahon dans Seul contre tous. En faisant ce clin d'œil personnel, Noé vient appuyer toute la dimension pessimiste de son métrage. À ce moment, il n'y a plus aucun doute possible sur le message du métrage.

À l'issu de cette scène la caméra arrive près des policiers et ambulanciers qui viennent secourir Vincent Cassel qui semble être blessé, la caméra plane sur eux comme si la mort planait au-dessus des personnages.

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Suite à ça, la caméra rentre dans les abîmes. La caméra arrive dans une boite nommé "Rectum" où pullulent toutes les activités les plus exécrables de l'homme, où s'expriment toutes les déviances sexuelles les plus abominables. L'enfer du sexe.

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La couleur rouge prédomine entièrement la séquence. La caméra n'arrête pas d'être imprévisible dans ses trajectoires, mais à ce moment, elle est aussi accompagnée d'une musique composée par Thomas Bangalter (un des membres des Daft Punk), elle est tellement terrifiante que je suis incapable d'en faire une description.

Vincent Cassel, énervé, semble chercher quelqu'un à tout prix. Ce n'est que plus tard qu'on comprendra ses motivations.

Mais passons à la scène qui m'intéresse particulièrement, celle de l'extincteur qui est d'une violence inouïe, je me rappelle la première fois que je l'ai visionné, j'ai été stupéfait et sursauté dû à l'impact des coups, mais surtout parce que la caméra suit le mouvement du personnage battu. On aura beau craché sur ce réalisateur qui pour certain ne fait que de l'esbroufe cinématographique. En revanche, il est incontestable le fait que Noé incarne la violence ultime, sa mise en scène dépasse l'entendement. Rajoutez à cela l'ironie tragique de la situation ...

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Passons maintenant à cette fameuse transition, à cette fameuse scène qui a tant fait polémique dans le monde du cinéma. Oui je parle bien évidemment du viol qui atteint le summum de l'horreur et du désespoir. La transition vers le chaos est ici symbolique. Notons déjà une chose évidente, Monica Bellucci jouant le personnage d'Alex descend les escaliers désignant une énième fois une descente en enfer. Nous la suivons de dos tel des voyeurs, ainsi le spectateur détient une position malsaine. Arrivé en bas les décors sont d'un rouge comminatoire.

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Alex décide de passer par un tunnel. Un tunnel donc ... ce n'est clairement pas anodin. Le tunnel symbolise un passage qui relie le bonheur à l'horreur et l'objet de cette transition réside (vous l'avez compris) dans le viol. Le viol est le centre du film. C'est le viol qui a fait polémique au festival de Cannes. Tout le monde parle bêtement du viol sans comprendre pourquoi il est montré. C'est là qu'on se rend compte à quel point Noé a été malin. Il voulait attirer l'attention sur le viol. Sans le viol, son film n'aurait plus aucun sens puisque c'est ce qui fait le basculement.
Certains me diront mais qu'est-ce qu'il y a de si particulier dans ce viol ? Ce genre d'atrocités ont déjà été montrées un nombre incalculable de fois au cinéma qu'elles en sont devenues banales ...
Eh bien justement, ici il est question de Gaspar Noé et quand il décide de filmer un viol il n'y va pas de main morte, non clairement pas.
Déjà pour commencer cette transition est un plan séquence de 13 minutes et le viol dure environ 10 minutes et 48 secondes dont un peu moins de 10 minutes en plan fixe ! Le viol est accompagné de coups atroces qui plus est.

C'est scandaleux ! C'est lamentable de faire des choses pareilles. Voir une femme se faire violer pendant 20 minutes je viens de le vivre de cette manière-là !

Qu'il vienne me voir. C'est une merde, t'es une merde Noé. Viens me voir, viens me voir je fais le même métier que toi, on va se retrouver tu vas voir.

Les réactions ont été tumultueuses ...

La subversion de Noé a dégouté le public ...

La troisième partie parle quant à elle du bonheur. Je ne vais pas m'attarder très longtemps sur ce point, mais nous regardons Bellucci, Cassel et Dupontel s'amuser dans une fête avant qu'on suive leur long débat sur leurs ébats sexuels pour terminer avec Cassel et Bellucci ensemble sur le lit (Bellucci évoquant inconsciemment la théorie de la prédiction d'un destin fatal).
Le film se termine sur une scène finale nous rappelant fortement celle d'Enter the Void (deuxième chef d'œuvre du réalisateur).

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Alors que faut-il penser de tout ça ?

Noé est-il un génie incompris ? Ou une immondice infinie ?

Ni l'un ni l'autre.

Selon moi, Noé n'a pas la prétention d'élaborer un propos réellement pertinent. Non, c'est mal comprendre cet homme. Pour moi, Noé utilise l'art cinématographique pour exprimer sa vision désespérée du monde, libre à chacun d'y adhérer ou non, mais ayez conscience que Noé exprime simplement ses pulsions les plus profondes ...

Vous êtes fou Noé, il n'y a aucun doute là-dessus. Dans les interviews vous passez pour quelqu'un de sympathique aux idées farfelues, mais en réalité vous êtes torturés, votre esprit est détruit et c'est pour ça qu'on vous adore, mais en même temps, nous sommes inquiets pour vous ...

Le temps détruit tout.

Oui en effet.
Mais comme vous l'avez très bien dit récemment :

Le temps révèle tout.