Je ne savais rien de ce film avant la projection et ses deux affiches vues en sortant d'une autre séance me l'ont totalement vendu . Particulièrement celle avec le chien. Simpliste, minimaliste même, elle parvenait néanmoins a faire planer une sensation de malaise indicible en nous vendant un mal sournois, diffus, abstrait mais bien présent et qui viendrait la nuit. Le fait d'avoir choisi le chien, qui est une des victimes innocentes parfaites dans les films d'horreur, rajoutait encore à l'effet. La seconde était aussi réussie avec un style très "Silent Hill" et survival horror. C'est donc avec enthousiasme et en espérant un peu d'originalité que je suis allé voir It comes at night, que j'aurais adoré s'il avait fait passer le même genre de sensations que les affiches. Malheureusement, ce minimalisme, aussi présent dans le film passe beaucoup moins bien en 1H30 de vidéo que sur papier glacé.


Les cinq premières minutes nous expliquent clairement de quoi il va s'agir concernant ce fameux "mal". Une énième histoire d'épidémie qui a laissé la planète dans un sale état. Au moins c'est pas du zombie, mais ça n'est pas exactement très frais non plus. Première mini-déception. Mais ne nous arrêtons pas là, il peut y avoir un twist, on peut partir sur autre chose, ou alors ce sujet vu et revu sera peut-être particulièrement bien traité ici, qui sait. Mais au final, non.


Je vais me permettre de faire un résumé très grossier du film :


La famille survivante A, dans sa maison (mari, femme, fils et chien) accueille une autre famille survivante B (le mari, la femme et le gamin en bas age). Le chien s'enfuit et contracte la maladie. Il revient et contamine l'enfant en bas age, qui contamine l'ado de la famille A, qui meurt.Il contamine alors ses parents. Et tout le monde meurt.


Je le concède, c'est un résumé lapidaire, mais c'est ce qu'il se passe en une heure trente. C'est peu. Très peu. Et souvent ennuyeux.


Mais j'ai repris espoir par périodes durant le film, car de nombreuses pistes pour engraisser un peu le scénario sont lancées. Les mystérieux cauchemars du fils. Peut-être est-il à l'origine de cette épidémie ? Il semble y tenir un rôle particulier en tout cas. Et bien non, au final. Sa relation avec la mère de famille B qui est à la limite de la tension sexuelle ? Non, ça ne donnera rien non plus.


Qui ouvre la porte rouge, créant le drama final ?


On ne le saura jamais.


Parlons un peu des personnages d'ailleurs. Les acteurs ne sont vraiment pas mauvais, mais on leur donne très peu de matière. Edgerton campe le père de famille classique en période post-apocalyptique, celui qui établit tout une série de règles très précises pour protéger la famille, qui devient vite violent en cas de suspicion de menace et qui est même borderline parano. Impression de déjà-vu ? Oui, c'est normal. Les mères de famille campent ... dès mères de famille. Le personnage de l'ado de la famille A est un peu plus creusé, mais toutes les pistes lancées sur lui comme expliquées précédemment ne mènent à rien.


D'ailleurs, le film aurait pu mieux fonctionner si les personnages avaient étés plus travaillés, et si on nous donnait l'occasion de nous attacher un peu plus à eux. Mais ils sont soit caricaturaux donc comme le père, soit très simplistes. Donc on est pas pris dedans plus que ça. Le huis-clos tombe du coup un peu à l'eau, et tout les thèmes vus et revus ("on ne peut faire confiance a aucun autre humain en temps de crise, sauf la famille" par exemple) ne touchent pas.


Pour finir, ben, ça ne fait jamais peur.


Et c'est pas un jump scare avec Papy qui revient sous forme de zombie qui changera la donne.


Tout ça pour dire, que je n'ai jamais été accroché. Pourtant, je suis un fan de huis-clos et de films à ambiance, mais ça n'a pas fonctionné ce coup-ci. Peut-être que cet ambiance conviendra à d'autres. Les sujets annexes développés par le film et qui sont laissés sans explication (les cauchemars etc) ne font pour moi que rajouter à la vacuité du film, à son classicisme et à son côté ennuyeux, mais peut-être que d'autres auront étés suffisamment pris dedans pour développer des théories et avoir une lecture différente du film. Le cas échéant, je serais curieux de les entendre. Peut-être que je passe à côté de quelque chose :) Mais globalement, c'est un peu comme tous les films "à ambiance". Soit on est pris dedans, soit il laisse de marbre. Vous aurez compris dans quel camp je me situe.

Vonsid
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le 21 juin 2017

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Vonsid

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